Mémoires sur Guillaume Apollinaire (1880-1918) et ses œuvres

Aperçu

Guillaume Apollinaire (1880-1918) est un poète et écrivain français, figure majeure de l’avant-garde du début du XXe siècle. Connu pour son esprit novateur, il a joué un rôle crucial dans le développement du surréalisme et du cubisme en littérature. Son œuvre a exploré de nouvelles formes poétiques et a bouleversé les conventions traditionnelles.

Œuvre et Innovations

L’œuvre d’Apollinaire se caractérise par une grande diversité de thèmes et de styles. Son recueil de poèmes le plus célèbre, Alcools (1913), mélange des vers traditionnels et des vers libres, et supprime la ponctuation, ce qui était une rupture radicale à l’époque. Cette liberté formelle est emblématique de sa volonté de moderniser la poésie. Un autre de ses recueils notables, Calligrammes (1918), est une exploration de la poésie visuelle, où les mots sont disposés sur la page pour former des images. Cette technique, qu’il a nommée « calligramme », est un pont entre l’art visuel et la poésie.

Influence et Héritage

Apollinaire était au cœur des cercles artistiques et littéraires de son temps. Il a été un ami proche de nombreux peintres comme Pablo Picasso et Henri Matisse, et a été un ardent défenseur du cubisme, qu’il a contribué à théoriser dans ses écrits critiques. Son influence s’est étendue bien au-delà de ses contemporains. Il a inspiré les poètes et écrivains de la génération suivante, notamment les surréalistes, en les encourageant à explorer le rôle de l’inconscient et du rêve dans la création artistique. Sa mort prématurée des suites de la grippe espagnole en 1918 a marqué la fin d’une ère, mais son héritage perdure, faisant de lui l’un des poètes les plus influents de la modernité.

Histoire

Guillaume Apollinaire, de son vrai nom Wilhelm Albert Włodzimierz Apolinary Kostrowicki, naît à Rome en 1880. Poète et critique d’art, il est une figure majeure de l’avant-garde française du début du XXe siècle. Sa vie est marquée par une soif de renouveau artistique et un destin intimement lié aux événements de son temps.

Un parcours entre tradition et modernité

Élevé en Italie, il s’installe à Paris à la fin du XIXe siècle. Il y fréquente les cercles artistiques et se lie d’amitié avec des figures emblématiques comme Pablo Picasso et André Derain. Il se fait un nom dans le monde littéraire, mais aussi dans celui de l’art, en défendant des mouvements novateurs comme le cubisme. En 1911, il est brièvement emprisonné pour vol de statuettes au Louvre, une expérience qui le marque profondément.

C’est en 1913 qu’il publie son recueil le plus célèbre, Alcools. Dans cette œuvre, il bouleverse les codes de la poésie traditionnelle en supprimant la ponctuation et en mêlant vers classiques et vers libres. Cette audace lui vaut d’être salué comme un précurseur de la modernité poétique. Il continue d’expérimenter avec le recueil Calligrammes (1918), où les mots s’agencent pour former des images.

L’épreuve de la guerre et une fin prématurée

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Apollinaire s’engage volontairement dans l’armée française, bien qu’il ne soit pas encore naturalisé. Il obtient finalement la nationalité française en mars 1916. Quelques jours plus tard, il est grièvement blessé à la tête par un éclat d’obus. Cette blessure l’affaiblit considérablement. Après une longue convalescence, il fait représenter son drame, Les Mamelles de Tirésias, pour lequel il invente le terme de « surréalisme ».

Affaibli par sa blessure, il ne peut résister à l’épidémie de grippe espagnole qui sévit à la fin de la guerre. Il meurt à Paris le 9 novembre 1918, à l’âge de 38 ans, deux jours avant l’armistice. Son cortège funèbre croise une parade célébrant la victoire. Reconnu comme « mort pour la France » en raison de son engagement, il est enterré au cimetière du Père-Lachaise. Son œuvre et son influence ont ouvert la voie à de nombreux poètes et mouvements, faisant de lui l’un des pères de la poésie moderne.

Chronologie

Jeunesse et débuts littéraires (1880-1912)

1880 : Naissance à Rome sous le nom de Wilhelm Albert Włodzimierz Apolinary Kostrowicki.

1900 : Il s’installe à Paris, où il commence à fréquenter les milieux artistiques d’avant-garde et à écrire pour des revues.

1903 : Il fonde avec André Salmon la revue Le Festin d’Ésope.

1907 : Publication anonyme de son roman érotique Les Onze Mille Verges.

1909 : Publication de L’Enchanteur pourrissant, son premier livre en prose.

1911 : Il est brièvement emprisonné à la suite d’une affaire de vol de statuettes au Louvre. Cet événement aura une forte influence sur son poème « Zone ».

La consécration et les innovations (1913-1918)

1913 : Publication du recueil de poèmes Alcools. Cette œuvre marque un tournant dans la poésie française par la suppression de la ponctuation et l’usage de vers libres.

1913 : Il publie également Les Peintres cubistes, Méditations esthétiques, un ouvrage qui théorise et défend le cubisme.

1914 : Il s’engage volontairement dans l’armée française au début de la Première Guerre mondiale. Il documente son expérience dans ses poèmes.

1916 : Il obtient la nationalité française. En mars, il est grièvement blessé à la tempe par un éclat d’obus alors qu’il se trouve en tranchée. Il subit une trépanation et entame une longue convalescence.

1917 : Il invente le mot « surréalisme » pour qualifier son drame Les Mamelles de Tirésias.

1918 : Publication de son recueil de poèmes visuels, Calligrammes.

1918 : Le 9 novembre, il meurt à Paris, affaibli par sa blessure de guerre et emporté par la grippe espagnole, deux jours avant l’armistice. Il est déclaré « mort pour la France ».

Caractéristiques des romans

La poésie de Guillaume Apollinaire se caractérise par une rupture avec la tradition et une volonté d’embrasser la modernité. Il s’inspire des mouvements artistiques de son époque, comme le cubisme, pour créer une poésie qui est à la fois visuelle et musicale, tout en conservant une dimension lyrique et sensible.

Mouvements et styles

Apollinaire est un poète de l’avant-garde qui a joué un rôle crucial dans le passage du symbolisme au surréalisme. Il a introduit des techniques d’expérimentation, comme la suppression de la ponctuation dans Alcools, et a défendu une esthétique nouvelle, inspirée du cubisme, où les perceptions et les idées se superposent et se fragmentent, créant une image multiple. Ce style a contribué à définir un nouvel “esprit nouveau”, fondé sur la liberté et l’innovation.

Formes et techniques

Apollinaire a révolutionné la forme poétique en s’affranchissant des contraintes traditionnelles.

Absence de ponctuation : Dans Alcools (1913), il supprime la ponctuation, laissant le rythme et la syntaxe du vers guider le sens. Cette technique permet la polysémie et la fluidité des idées.

Vers libre : Il utilise le vers libre, qui s’adapte au souffle et à l’émotion du poète, au lieu des métriques classiques.

Calligrammes : Dans le recueil Calligrammes (1918), il va plus loin en créant des poèmes visuels. Les mots sont disposés sur la page pour former un dessin, fusionnant l’écriture et le dessin.

Thèmes et sujets

Bien qu’il soit un poète moderne, Apollinaire explore des thèmes universels avec une sensibilité lyrique :

Le temps qui passe : C’est un thème central dans son œuvre, notamment dans des poèmes comme “Le Pont Mirabeau”, où le poète évoque la fuite irréversible du temps et de l’amour.

L’amour et la mélancolie : Il dépeint l’amour sous ses différentes formes, de la passion à la douleur de la rupture, comme en témoigne “La Chanson du Mal-Aimé”.

La modernité urbaine et le voyage : Il intègre des éléments du monde moderne (trains, automobiles, avions) et les décors de la ville (Paris, mais aussi des villes européennes) dans sa poésie, comme dans “Zone”, où il se décrit comme un voyageur à travers les rues et les époques.

La guerre : Son expérience sur le front de la Première Guerre mondiale est une source d’inspiration pour ses derniers poèmes, où il dépeint la violence des combats et la fraternité des soldats.

Impacts & Influences

L’influence de Guillaume Apollinaire est immense et multiforme. Il est considéré comme un pont essentiel entre la poésie traditionnelle du XIXe siècle et les mouvements avant-gardistes du XXe, marquant profondément la littérature et l’art de son époque et des générations suivantes.

Le surréalisme

L’impact le plus notable d’Apollinaire est son rôle de précurseur du surréalisme. C’est lui qui a forgé le terme en 1917, dans le programme de sa pièce de théâtre Les Mamelles de Tirésias, pour désigner un art qui transcende la réalité. Son œuvre a inspiré les fondateurs du mouvement, notamment André Breton, par son exploration de l’imaginaire, du rêve et de l’inconscient, qui sont devenus des thèmes centraux du surréalisme.

Le cubisme

Apollinaire n’était pas seulement un poète, mais aussi un critique d’art influent. Il a été l’un des premiers et des plus fervents défenseurs du cubisme, en particulier dans son ouvrage Les Peintres cubistes (1913). Ses amitiés avec des artistes comme Pablo Picasso et Georges Braque ont nourri une correspondance artistique : la poésie d’Apollinaire, avec sa fragmentation des images et son refus de la linéarité, fait écho à la déconstruction des formes et des perspectives du cubisme.

La poésie moderne

Apollinaire a révolutionné la forme poétique, libérant le vers de ses contraintes traditionnelles.

La ponctuation : La suppression de la ponctuation dans son recueil Alcools (1913) a été une rupture radicale, invitant le lecteur à se laisser guider par le rythme et le sens, et non plus par les signes de ponctuation.

Le poème-tableau : Avec les calligrammes, Apollinaire a fusionné la poésie et les arts visuels, influençant une nouvelle approche de la composition poétique.

Son héritage se retrouve chez de nombreux poètes modernes qui ont continué à explorer le vers libre et les formes poétiques non conventionnelles. Il est reconnu comme le père de la modernité poétique, et son œuvre continue d’être une source d’inspiration pour les créateurs du monde entier.

Relations avec poètes

Guillaume Apollinaire a entretenu des relations complexes et déterminantes avec plusieurs poètes de son temps, marquant ainsi le développement de l’avant-garde littéraire. Ses amitiés et rivalités ont nourri son œuvre et celles de ses contemporains.

Blaise Cendrars 🧑‍🤝‍🧑

La relation entre Apollinaire et Blaise Cendrars est à la fois une amitié intellectuelle et une rivalité. Les deux poètes, figures majeures de la modernité, ont tous deux cherché à créer une poésie nouvelle, inspirée par les voyages, les technologies modernes et le rythme de la ville. Leurs œuvres respectives, Alcools (1913) d’Apollinaire et La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France (1913) de Cendrars, partagent des thèmes similaires, ce qui a pu générer une certaine tension.

Max Jacob 🎨✍️

Max Jacob fut l’un des amis les plus proches d’Apollinaire. Ils se fréquentaient à Montmartre et au Bateau-Lavoir, partageant leur vie de bohème et leurs idées avec d’autres artistes comme Pablo Picasso. Leur amitié, faite de complicité et d’admiration mutuelle, est symbolisée par le poème « Zone » qu’Apollinaire a dédié à Jacob dans son recueil Alcools. Max Jacob, qui était aussi un peintre, a d’ailleurs réalisé un portrait d’Apollinaire. . Apollinaire et Max Jacob ont été les témoins du mariage de Picasso en 1918.

André Breton 🤯

La relation entre Apollinaire et André Breton est celle d’un mentor et de son disciple. Breton considérait Apollinaire comme son maître. Il a été profondément influencé par ses innovations formelles, notamment la suppression de la ponctuation, et par son exploration de l’imaginaire. C’est Apollinaire qui a inventé le terme de “surréalisme” en 1917, pour qualifier une pièce de théâtre qu’il venait de créer. Après la mort d’Apollinaire en 1918, Breton et ses amis ont revendiqué son héritage, et le surréalisme est devenu le mouvement littéraire et artistique majeur qu’on connaît.

André Salmon ✒️

Apollinaire et André Salmon ont eu une relation d’amitié et de collaboration intense au début du XXe siècle. Ils ont co-fondé la revue Le Festin d’Ésope en 1903, un journal qui a joué un rôle important dans la promotion de la jeune poésie. Leur amitié a été marquée par des hauts et des bas, mais ils sont restés liés jusqu’à la mort d’Apollinaire.

Relations

Guillaume Apollinaire était au cœur de l’effervescence artistique de son époque, entretenant des relations directes et fructueuses avec de nombreux artistes qui n’étaient pas des poètes. Ses échanges avec ces figures ont profondément influencé sa vision de l’art et de la littérature, et ont fait de lui un théoricien de l’avant-garde.

Les peintres et le Bateau-Lavoir 🧑‍🎨

Apollinaire a tissé des liens très forts avec les peintres qu’il fréquentait, notamment ceux du Bateau-Lavoir, cette résidence d’artistes à Montmartre.

Pablo Picasso 🖼️

Le lien entre Apollinaire et Picasso est un des plus célèbres de l’avant-garde. Ils se sont rencontrés à Paris en 1905 et sont devenus de grands amis. Apollinaire a été l’un des premiers critiques à défendre l’œuvre de Picasso. Le poète a ainsi rédigé des articles sur l’artiste, reconnaissant très tôt son génie, notamment en voyant Les Demoiselles d’Avignon (1907). . Cette amitié a été une source d’inspiration mutuelle, le travail de Picasso sur la fragmentation des formes trouvant un écho dans la poésie d’Apollinaire.

Henri Matisse 🎨

Apollinaire a également entretenu une relation avec Henri Matisse, le chef de file du fauvisme. Il a écrit sur l’œuvre de Matisse, la qualifiant de « fruit de lumière éclatante », soulignant la force et la simplicité de son art. Bien qu’il ait davantage théorisé sur le cubisme, Apollinaire a reconnu et défendu l’importance de Matisse dans la modernisation de la peinture.

Marie Laurencin 👩‍🎨

Apollinaire a eu une relation amoureuse avec la peintre Marie Laurencin pendant plusieurs années. Elle a fait partie de son cercle d’amis et d’artistes à Montmartre et a laissé un portrait célèbre du groupe : Apollinaire et ses amis (1909). Leur relation, à la fois passionnée et tumultueuse, a inspiré de nombreux poèmes d’Apollinaire, dont “Le Pont Mirabeau”.

Le marchand d’art 💰

Apollinaire a collaboré avec des marchands d’art pour promouvoir le cubisme. Il a entretenu une relation privilégiée avec Daniel-Henry Kahnweiler, un marchand d’art allemand qui a soutenu et exposé les œuvres des cubistes. Kahnweiler a également été un éditeur pour Apollinaire, notamment pour son premier livre en prose, L’Enchanteur pourrissant, qui fut illustré par le peintre André Derain.

Poètes similaires

En raison de son rôle de figure de proue de l’avant-garde, Guillaume Apollinaire est à la fois unique en son genre et partage des caractéristiques avec plusieurs poètes de son époque et de celles qui l’ont précédé.

Précurseurs et modèles

Charles Baudelaire (1821-1867) : Apollinaire a repris et modernisé l’idée de Baudelaire selon laquelle le poète doit trouver de la beauté dans la modernité et la laideur urbaine. Le poème “Zone” d’Apollinaire, qui décrit une marche matinale dans Paris, peut être vu comme un écho moderne à “Au Lecteur” de Baudelaire, invitant le lecteur à un nouveau type de voyage poétique.

Arthur Rimbaud (1854-1891) : Apollinaire partage avec Rimbaud une soif de liberté formelle et une fascination pour l’expérience et le voyage. Leurs poésies sont audacieuses et bousculent les conventions de leur temps.

Contemporains et amis

Blaise Cendrars (1887-1961) : Cendrars est souvent cité comme un poète très similaire à Apollinaire. Tous deux sont des poètes de la modernité, qui célèbrent le voyage, la technologie (le train, l’avion) et le rythme effréné de la vie urbaine. Leur poème respectif, “La Prose du Transsibérien” pour Cendrars et “Zone” pour Apollinaire, sont des emblèmes de ce dynamisme.

Max Jacob (1876-1944) : Ami proche d’Apollinaire, Max Jacob est également une figure de l’avant-garde. Sa poésie, influencée par le cubisme, est caractérisée par une fantaisie et une spiritualité qui font écho au style d’Apollinaire.

Successeurs et héritiers

André Breton (1896-1966) : Breton a reconnu Apollinaire comme son “maître” et le “précurseur” du surréalisme. Le mouvement surréaliste, qu’il a fondé, a prolongé l’exploration d’Apollinaire des thèmes de l’inconscient, du rêve et de l’imaginaire.

Louis Aragon (1897-1982) et Paul Éluard (1895-1952) : Ces deux poètes surréalistes ont continué dans la voie ouverte par Apollinaire, en s’affranchissant des formes poétiques traditionnelles et en explorant de nouveaux thèmes.

Œuvres poétiques

Les recueils majeurs

Alcools (1913) : Ce recueil est le plus célèbre d’Apollinaire et est considéré comme un tournant dans la poésie française. Il contient des poèmes écrits sur une période de plus de dix ans. Son innovation la plus radicale est l’absence de ponctuation, ce qui confère une nouvelle musicalité et une fluidité aux vers. Il explore des thèmes comme la mélancolie, l’amour perdu et le temps qui passe, comme dans le poème emblématique “Le Pont Mirabeau”.

Calligrammes (1918) : Ce recueil, publié peu avant sa mort, est une exploration de la poésie visuelle. Les poèmes y sont présentés sous forme de dessins, créés par la disposition des mots sur la page. Apollinaire a ainsi fusionné la poésie et l’art graphique, créant un genre nouveau qu’il a appelé le “calligramme”.

Autres œuvres et poèmes notables

Poèmes de guerre (1914-1918) : Durant la Première Guerre mondiale, Apollinaire a écrit de nombreux poèmes inspirés de son expérience au front. Ces textes, souvent intégrés dans Calligrammes, témoignent de son engagement et de sa vision d’une poésie qui doit aussi rendre compte des événements de son temps.

“Zone” : Poème liminaire d’Alcools, “Zone” est considéré comme un manifeste de la modernité poétique. Il évoque une déambulation dans Paris, mêlant images du monde moderne (affiches, usines) et souvenirs personnels, le tout sans ponctuation, créant un flux de conscience.

Alcools (1913)

Qu’est-ce qu’Alcools ?

Alcools est un recueil de poèmes de Guillaume Apollinaire, publié en 1913. Il est considéré comme une œuvre majeure de la poésie française et un tournant essentiel vers la modernité. Plutôt que d’être écrit en une seule fois, il regroupe des poèmes composés par Apollinaire entre 1898 et 1913, offrant un aperçu de son évolution poétique.

Les caractéristiques principales

L’absence de ponctuation : C’est la caractéristique la plus marquante et la plus révolutionnaire du recueil. Apollinaire a délibérément supprimé toute ponctuation pour libérer le vers et permettre un flot continu d’idées. Les phrases s’enchaînent sans coupure, créant une nouvelle musicalité et obligeant le lecteur à se laisser porter par le rythme et les mots.

Le mélange des époques et des tons : Apollinaire y fait cohabiter des poèmes lyriques et traditionnels, inspirés de l’amour et de la mélancolie, avec des poèmes qui embrassent la modernité. Il passe de l’évocation de la mythologie grecque à la description des usines et des affiches publicitaires de Paris.

Le “voyage” : Le recueil est construit comme un voyage à travers des lieux, des émotions et des souvenirs. Le poème liminaire, “Zone”, en est le parfait exemple, où le poète déambule dans Paris et dans ses propres souvenirs, mêlant le passé et le présent.

Thèmes majeurs

La modernité : Apollinaire intègre la vie urbaine et ses éléments (les trains, les usines, les affiches) dans sa poésie, comme il le fait dans le poème “Zone”. Il est l’un des premiers à voir de la poésie dans le monde moderne.

Le lyrisme personnel : Malgré ses innovations, le recueil reste profondément lyrique. Apollinaire y exprime ses émotions, ses amours déçues (notamment dans “Le Pont Mirabeau” ou “La Chanson du Mal-Aimé”) et sa solitude.

Le temps qui passe : La fuite du temps est un thème central. Le célèbre refrain de “Le Pont Mirabeau” – “Vienne la nuit sonne l’heure / Les jours s’en vont je demeure” – est un symbole de la confrontation entre la mémoire éphémère et la permanence des choses.

En brisant les conventions, Alcools a ouvert la voie à de nombreux poètes et a laissé une empreinte durable sur la littérature du XXe siècle.

Œuvres dehors la poésie

Bien qu’Apollinaire soit surtout connu pour sa poésie, il a également laissé une œuvre en prose et de théâtre qui reflète sa soif d’expérimentation et son esprit avant-gardiste.

Romans et récits

L’Enchanteur pourrissant (1909) : Ce récit, à mi-chemin entre le roman, le conte et la prose poétique, réinvente la figure de Merlin l’Enchanteur. L’œuvre, riche en images oniriques et fantastiques, est une exploration de l’imaginaire.

L’Hérésiarque et Cie (1910) : Il s’agit d’un recueil de nouvelles qui aborde des thèmes variés comme le mystère, le fantastique et l’humour noir.

Les Onze Mille Verges (1907) : C’est un roman érotique, publié anonymement, qui a contribué à la réputation de libertinage d’Apollinaire. L’œuvre se caractérise par une écriture audacieuse et une exploration des tabous sexuels.

Le Poète assassiné (1916) : Ce roman, considéré comme l’un de ses plus importants, est un récit semi-autobiographique où le héros, Croniamantal, est un poète qui, comme Apollinaire, est assassiné.

Théâtre

Les Mamelles de Tirésias (1917) : Cette pièce de théâtre est une œuvre essentielle de la modernité. C’est en introduisant cette pièce qu’Apollinaire a inventé le terme de « surréalisme ». La pièce, absurde et provocante, met en scène un univers où la logique est bousculée, reflétant la volonté d’Apollinaire de rompre avec le réalisme du théâtre de son temps.

Essais et critiques d’art

Les Peintres cubistes, Méditations esthétiques (1913) : Cet ouvrage est une contribution majeure à l’histoire de l’art. Apollinaire y défend et théorise le mouvement cubiste, qui lui était très cher. Il y présente les travaux de ses amis, comme Pablo Picasso et Georges Braque, et expose sa vision d’un art qui ne cherche plus à imiter la réalité, mais à en créer une nouvelle.

Calligrammes (1918)

Qu’est-ce que Calligrammes ?

Calligrammes est un recueil de poèmes de Guillaume Apollinaire, publié en 1918. Son titre complet est Calligrammes : Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916). Ce recueil est une étape cruciale dans l’œuvre d’Apollinaire et dans l’histoire de la poésie moderne, car il explore de manière radicale la dimension visuelle de la poésie.

Les caractéristiques principales

Les poèmes-dessins : La principale innovation du recueil réside dans les calligrammes, des poèmes où la disposition typographique des mots forme un dessin. Le texte devient une image, et l’image est un texte. Apollinaire a ainsi cherché à fusionner la poésie et les arts visuels, créant une nouvelle forme d’expression qui parle à la fois à l’esprit et à l’œil.

L’absence de ponctuation : Comme dans Alcools, Apollinaire supprime la ponctuation dans Calligrammes pour libérer le vers et créer un flux de conscience. Cependant, les formes visuelles des calligrammes agissent comme de nouveaux “signes de ponctuation”, organisant la lecture du poème.

Le mélange des genres : Le recueil mêle des poèmes-dessins avec des poèmes plus traditionnels, tout en conservant l’esprit d’expérimentation d’Apollinaire.

Thèmes majeurs

La guerre : Une grande partie du recueil est consacrée à l’expérience d’Apollinaire pendant la Première Guerre mondiale. Les poèmes reflètent la violence, le danger et la fraternité des soldats au front. C’est une poésie du vécu, directement inspirée par la réalité du combat.

L’amour et la mélancolie : Malgré le thème de la guerre, Apollinaire n’abandonne pas ses thèmes lyriques. On y trouve des poèmes sur l’amour, la rupture et la nostalgie.

Le modernisme : Apollinaire continue de célébrer le monde moderne, mais avec une dimension plus personnelle et sombre, influencée par son expérience de la guerre. Il intègre des éléments de la vie quotidienne comme les trains, les tranchées, et les objets militaires, qu’il transforme en motifs poétiques.

Calligrammes est un chef-d’œuvre de l’avant-garde. En transformant le poème en un tableau, Apollinaire a ouvert la voie à de nouvelles formes artistiques et a influencé les futurs mouvements d’avant-garde, comme le surréalisme.

Episodes et anecdotes

L’affaire du vol de la Joconde (1911) 🕵️‍♂️

En 1911, la Joconde est volée au musée du Louvre. Apollinaire est un temps considéré comme suspect. En effet, un de ses anciens secrétaires, Honoré Géry Pierret, avait volé quelques statuettes ibériques au musée et les avait vendues à son ami Pablo Picasso. Par crainte, Picasso et Apollinaire avaient ensuite rendu ces statuettes au journal Paris-Journal. Quand la Joconde est volée peu de temps après, la police fait le lien et Apollinaire est arrêté et incarcéré à la prison de la Santé. Il y passera quelques jours avant d’être libéré faute de preuves, mais cette expérience l’a profondément marqué et influencé dans son poème “À la Santé”.

L’invention du mot “surréalisme” 🤯

Apollinaire est le créateur du mot “surréalisme”. En 1917, pour le programme de sa pièce de théâtre Les Mamelles de Tirésias, il utilise ce terme pour définir un art qui “transcende la réalité”. Il y voit une “sublimation du réel”, une façon d’explorer le rêve et l’imaginaire. Ce concept, qui n’a pas eu de suite immédiate de son vivant, sera repris et développé par André Breton, qui fondera plus tard le mouvement surréaliste et reconnaîtra Apollinaire comme un précurseur essentiel.

La blessure de guerre et le “ruban vert” 🩹

En 1916, alors qu’il est sur le front, Apollinaire est grièvement blessé à la tempe par un éclat d’obus. Il survit, mais l’opération de la trépanation le laisse avec une blessure visible qu’il couvre souvent d’un bandage ou d’un ruban. On le verra souvent avec un ruban vert autour du front, devenu un signe distinctif de son courage et de son engagement au combat. Cette blessure a affaibli sa santé et a contribué à sa mort prématurée des suites de la grippe espagnole en 1918.

(Cet article a été généré par Gemini. Et c’est juste un document de référence pour découvrir des poètes et des poésies que vous ne connaissez pas encore.)

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