Aperçu
André Caplet était un compositeur et chef d’orchestre français, dont le talent et la sensibilité ont profondément marqué le paysage musical du début du XXe siècle. Souvent associé à son ami proche Claude Debussy, il a su développer une voix mystique et raffinée qui lui est propre.
Voici un aperçu de sa vie et de son œuvre.
1. Un prodige de la direction et du prix de Rome
Né au Havre, Caplet manifeste très tôt des capacités exceptionnelles.
Le Prix de Rome : En 1901, il remporte le prestigieux Premier Grand Prix de Rome, devançant notamment Maurice Ravel.
L’art de la direction : Il fut un chef d’orchestre accompli, dirigeant à l’Opéra de Boston entre 1910 et 1914. Sa précision technique et sa compréhension profonde des partitions faisaient de lui l’un des interprètes les plus respectés de son temps.
2. L’ombre et la lumière : Sa relation avec Debussy
Caplet est souvent décrit comme le « collaborateur » de Debussy, mais cette étiquette est un peu réductrice.
Orchestration : Debussy lui faisait une confiance absolue pour orchestrer certaines de ses œuvres majeures, comme Le Martyre de saint Sébastien ou La Boîte à joujoux.
Une amitié fidèle : Il était l’un des rares intimes présents aux côtés de Debussy jusqu’à sa mort en 1918.
3. Un style musical unique : Entre mysticisme et modernité
Si son style prend racine dans l’impressionnisme, Caplet s’en détache par une quête spirituelle et une écriture vocale très pure.
Le Mysticisme : Sa musique est imprégnée d’une ferveur religieuse, presque ascétique. Ses œuvres explorent souvent des thèmes sacrés.
L’innovation vocale : Il excellait dans la mélodie française, utilisant le texte comme un guide rythmique souple, proche de la déclamation.
Œuvres majeures à découvrir :
Le Miroir de Jésus : Son chef-d’œuvre absolu, une fresque mystique pour voix, chœur et cordes.
Conte fantastique : Inspiré par Le Masque de la Mort rouge d’Edgar Allan Poe, une œuvre virtuose pour harpe et quatuor à cordes.
Les Prières : Un cycle de mélodies d’une grande profondeur spirituelle.
4. Une fin tragique
Sa carrière a été brutalement interrompue par les séquelles de la Première Guerre mondiale. Gazé lors des combats à Verdun, sa santé pulmonaire resta fragile. Il succomba à une pleurésie en 1925, à l’âge de 46 ans seulement, privant la musique française de l’un de ses esprits les plus visionnaires.
Note : On redécouvre aujourd’hui Caplet non plus seulement comme l’« orchestrateur de Debussy », mais comme un compositeur au langage audacieux, dont la modernité annonce parfois les recherches d’Olivier Messiaen.
Histoire
L’histoire d’André Caplet est celle d’une ascension fulgurante et d’une ferveur artistique que seule la tragédie de la Grande Guerre a pu briser. Né au Havre en 1878, il se distingue dès son plus jeune âge par une précocité hors du commun. Son talent pour la composition et la direction d’orchestre le mène rapidement au Conservatoire de Paris, où il finit par décrocher le prestigieux Prix de Rome en 1901, devançant cette année-là un certain Maurice Ravel, ce qui témoigne de l’estime dont il jouissait auprès de ses pairs.
Sa vie prend un tournant décisif lorsqu’il rencontre Claude Debussy. Une amitié profonde et une collaboration artistique unique naissent entre les deux hommes. Caplet devient bien plus qu’un simple disciple ; il est le confident musical de Debussy, celui à qui le maître confie l’orchestration de partitions complexes comme Le Martyre de saint Sébastien. Caplet possède cette rare faculté de se fondre dans la pensée sonore de son ami tout en conservant une rigueur technique absolue, ce qui l’amène également à mener une brillante carrière de chef d’orchestre, notamment à l’Opéra de Boston.
Cependant, réduire Caplet à l’ombre de Debussy serait une erreur. Son propre langage musical s’enracine dans un mysticisme profond et une recherche de pureté presque religieuse. Alors que l’impressionnisme joue sur les sensations, Caplet cherche l’élévation spirituelle. Ses œuvres, comme le sublime Miroir de Jésus ou le dramatique Conte fantastique inspiré d’Edgar Allan Poe, révèlent une écriture vocale et instrumentale d’une finesse inouïe, où le texte et la musique s’unissent dans une déclamation souple et moderne.
Le destin de Caplet bascule avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Engagé volontaire, il est grièvement gazé lors des combats à Verdun. Bien qu’il survive au conflit, ses poumons restent irrémédiablement affaiblis. Il tente de reprendre son travail de création dans les années de paix qui suivent, mais la maladie finit par l’emporter en 1925, à seulement 46 ans. Sa disparition prématurée a laissé un vide immense dans la musique française, nous privant d’un compositeur qui, par son audace et sa spiritualité, ouvrait déjà la voie à la génération d’Olivier Messiaen.
Histoire chronologique
Jeunesse et formation (1878 – 1900)
1878 : Naissance d’André Léon Caplet le 23 novembre au Havre.
1890 : À seulement 12 ans, il commence à travailler comme pianiste répétiteur aux Folies-Bergère du Havre.
1892 : Il intègre l’orchestre du Grand Théâtre du Havre en tant que violoniste.
1896 : Il entre au Conservatoire de Paris, où il étudie notamment l’harmonie et la composition.
1899 : Composition de son Quintette pour vents et piano (plus tard arrangé pour cordes).
Consécration et années internationales (1901 – 1913)
1901 : Il remporte le Premier Grand Prix de Rome avec sa cantate Myrrha, devançant Maurice Ravel. Ce succès marque le début de sa reconnaissance officielle.
1907 : Rencontre déterminante avec Claude Debussy. Une amitié profonde et une collaboration étroite s’installent ; Caplet devient le collaborateur privilégié du maître pour l’orchestration de ses œuvres.
1908 : Composition de la première version de sa Légende (d’après Edgar Allan Poe), œuvre qui deviendra plus tard le célèbre Conte fantastique.
1910 – 1914 : Il s’installe aux États-Unis pour occuper le poste de chef d’orchestre à l’Opéra de Boston.
1911 : Il dirige la création mondiale du Martyre de saint Sébastien de Debussy à Paris, dont il a également réalisé une grande partie de l’orchestration.
La Guerre et le tournant mystique (1914 – 1925)
1914 : Bien qu’exempté, il s’engage comme volontaire dès le début de la Première Guerre mondiale. Il est affecté au front, notamment à Verdun.
1915 – 1916 : Il est victime d’une attaque au gaz et de blessures de guerre qui affaiblissent durablement ses poumons. Malgré les combats, il continue d’écrire, notamment des mélodies comme Nuit d’automne.
1918 : Mort de son ami Claude Debussy, un événement qui l’affecte profondément.
1919 : Il épouse Geneviève Perruchon. Affaibli physiquement, il abandonne progressivement la direction d’orchestre pour se consacrer presque exclusivement à la composition.
1923 : Achèvement de son chef-d’œuvre mystique, Le Miroir de Jésus.
1924 : Il dirige lui-même la création du Miroir de Jésus à Paris en mai.
1925 : André Caplet meurt le 22 avril à Neuilly-sur-Seine, à l’âge de 46 ans, des suites d’une pleurésie aggravée par ses blessures de guerre.
Style, mouvement et période de musique
Le style d’André Caplet est une synthèse fascinante entre l’héritage de son époque et une quête spirituelle très personnelle. À son époque, sa musique est considérée comme nouvelle et résolument novatrice.
Voici les caractéristiques principales de son langage musical :
Un ancrage moderniste et impressionniste
Bien que Caplet ait commencé sa carrière par des œuvres de jeunesse plus conventionnelles (ce qui lui a valu le Prix de Rome en 1901), il a rapidement évolué vers un style moderniste. Son étroite collaboration avec Claude Debussy l’a naturellement placé dans la sphère de l’impressionnisme. Cependant, il a su dépasser ce courant en explorant des textures sonores plus audacieuses et une écriture plus complexe.
Entre polyphonie et recherche de pureté
Caplet se distingue par un usage sophistiqué de la polyphonie, notamment dans ses œuvres vocales et de chambre. Il ne se limite pas à la mélodie accompagnée (monophonie), mais tisse des lignes indépendantes d’une grande finesse.
L’aspect mystique : Sa musique est souvent qualifiée de “franciscaine” ou mystique. Il intègre des éléments archaïques comme le plain-chant (chant grégorien), ce qui donne à ses œuvres une atmosphère intemporelle, à la fois très ancienne par ses racines sacrées et très moderne par son traitement harmonique.
Innovation instrumentale : Il a été l’un des pionniers dans l’utilisation de la voix comme un instrument à part entière (voix sans paroles) et a intégré très tôt le saxophone dans la musique de chambre.
Un trait d’union vers l’avenir
On ne peut pas classer Caplet comme un pur romantique ou un nationaliste au sens strict. Son style est un mélange de :
Modernisme : Par son exploration des limites de la tonalité, sa richesse modale et son usage du chromatisme.
Prémices du néoclassicisme : Par son sens aigu des proportions et sa clarté, bien qu’il reste plus spirituel que les néoclassiques purs.
En résumé, André Caplet est une figure de l’avant-garde modérée du début du XXe siècle. Il forme un lien essentiel entre l’impressionnisme de Debussy et les recherches futures de compositeurs comme Olivier Messiaen.
Genres musicaux
L’œuvre d’André Caplet se déploie à travers une grande diversité de genres, témoignant de sa polyvalence tant dans le domaine instrumental que vocal. Son catalogue reflète son évolution, passant de formes classiques héritées du Conservatoire à des structures plus audacieuses et mystiques.
Voici les principaux genres musicaux qu’il a explorés :
1. La musique vocale et sacrée
C’est sans doute le domaine où Caplet a laissé son empreinte la plus personnelle, portée par une ferveur spirituelle profonde.
La mélodie française : Il a composé de nombreuses mélodies pour voix et piano (comme Le Vieux Coffret ou Cinq Ballades Françaises), utilisant souvent des textes de poètes contemporains ou de Jean de la Fontaine.
La musique religieuse : Caplet a excellé dans ce genre avec des œuvres pour chœur a cappella ou avec accompagnement, telles que sa Messe à trois voix ou ses Prières. Son chef-d’œuvre, Le Miroir de Jésus, est une fresque mystique pour voix, chœur et cordes.
La cantate : Genre qu’il a pratiqué notamment pour le concours du Prix de Rome (avec Myrrha en 1901).
2. La musique de chambre
Adepte des formations originales, il a su renouveler l’écriture pour certains instruments.
L’ensemble instrumental : Il a écrit pour des combinaisons variées, comme son Septuor (pour cordes vocales et instrumentales) ou sa Suite persane pour dixtuor à vents.
La harpe : Caplet a beaucoup écrit pour cet instrument, notamment le célèbre Conte fantastique (d’après Edgar Allan Poe) pour harpe et quatuor à cordes, ainsi que deux Divertissements.
Le piano et les vents : On trouve dans son catalogue un Quintette pour piano et vents, ainsi que des pièces pour flûte et piano (Rêverie, Petite valse).
3. La musique symphonique et concertante
Bien que moins prolifique dans ce domaine que dans la musique vocale, Caplet a produit des œuvres orchestrales de premier plan.
Le poème symphonique : Des œuvres comme Épiphanie (fresque musicale pour violoncelle et orchestre) montrent son talent de coloriste.
L’orchestration : S’il ne s’agit pas d’un “genre” de composition propre, son activité d’orchestrateur (notamment pour les œuvres de Debussy comme Le Martyre de saint Sébastien) fait partie intégrante de son identité musicale.
4. Le drame lyrique et la musique de scène
Il s’est également essayé aux formes dramatiques avec des œuvres comme Fjeldrüst ou en collaborant à des projets de musique de scène, bien que ces œuvres soient moins nombreuses que ses pièces intimistes.
À noter : Une part importante de son travail consiste également en des transcriptions et des arrangements, où il réinterprétait des œuvres pour piano en versions orchestrales d’une grande richesse sonore.
Caractéristiques de la musique
La musique d’André Caplet se distingue par une identité singulière, souvent décrite comme celle d’un « mystique normand ». Si son langage est indissociable de celui de son ami Claude Debussy, il s’en détache par une quête de pureté et une exigence technique qui lui sont propres.
Voici les caractéristiques fondamentales de son style :
1. Un impressionnisme spirituel et mystique
Alors que l’impressionnisme de l’époque se concentre souvent sur la nature et les sensations visuelles, Caplet oriente son art vers l’intériorité et le sentiment religieux. Sa musique est imprégnée d’un mysticisme profond, cherchant à traduire l’ineffable.
L’idéal vocal : Caplet vouait un culte à la voix humaine, qu’il traitait avec une grande intimité. Il cherchait une déclamation souple, presque parlée, qui respecte scrupuleusement le rythme naturel du langage.
Influence de l’Ars Antiqua : Pour renforcer ce caractère sacré, il intègre des procédés médiévaux comme les mouvements parallèles (quartes et quintes) et des échos du chant grégorien, créant un pont entre la modernité du XXe siècle et la musique ancienne.
2. Une science de l’orchestration et du timbre
Caplet était l’un des plus grands coloristes de son temps. Sa précision était telle qu’on disait de lui qu’il préparait ses exécutions « au microscope ».
Transparence sonore : Son écriture orchestrale évite la lourdeur romantique au profit d’une clarté absolue. Il sait créer des atmosphères vaporeuses mais toujours structurées.
L’instrumentation originale : Il a exploré des textures inédites, notamment en utilisant les voix de manière instrumentale (comme dans son Septuor) ou en accordant une place prépondérante à la harpe, dont il a renouvelé la technique pour exprimer des climats fantastiques ou surnaturels.
3. Le sens des proportions et de l’audace
Malgré la délicatesse apparente de ses œuvres, la musique de Caplet est d’une grande rigueur formelle.
Équilibre : Comme le soulignait Debussy lui-même, Caplet possédait un sens des proportions rare, fuyant la musique « bâclée » pour une construction architecturale soignée.
Modernisme indépendant : S’il reste tonal, il n’hésite pas à utiliser des harmonies audacieuses et des rythmes complexes. Son œuvre est un mélange de réalisme normand (une certaine droiture) et d’aventure harmonique.
4. L’influence du fantastique
Une part importante de sa production est marquée par l’attrait pour l’étrange et le surnaturel, particulièrement à travers l’œuvre d’Edgar Allan Poe. Dans ces pièces, son style devient plus sombre et dramatique, utilisant des sonorités innovantes pour traduire l’angoisse ou le merveilleux.
Activités en dehors de composition
1. La direction d’orchestre
André Caplet était considéré comme l’un des chefs d’orchestre français les plus respectés et talentueux de sa génération. Sa carrière dans ce domaine a été internationale :
L’Opéra de Boston : De 1910 à 1914, il occupe le poste de titulaire à la tribune de l’Opéra de Boston, où il dirige de nombreuses productions lyriques.
L’Opéra de Paris : À son retour en France en 1914, il est nommé chef de l’orchestre de l’Opéra de Paris, bien que le déclenchement de la guerre l’empêche d’occuper pleinement ce poste.
Créateur d’œuvres majeures : En 1911, c’est lui qui dirige la création mondiale du Martyre de saint Sébastien de Claude Debussy.
2. L’orchestration et la collaboration technique
Caplet possédait une science du timbre si précise qu’il est devenu le collaborateur indispensable de Claude Debussy. Il ne se contentait pas de transcrire, mais agissait comme un véritable prolongement de la pensée du maître :
Orchestrations célèbres : Il a orchestré des pièces pour piano de Debussy, notamment la suite Children’s Corner, la Boîte à joujoux, ainsi que le célèbre Clair de lune.
Complétion d’œuvres : Debussy lui confiait souvent le soin de terminer ou de réviser l’instrumentation de ses partitions les plus complexes.
3. La pédagogie et la théorie
Caplet s’est également intéressé à la transmission de son savoir technique :
Écrits didactiques : Vers 1920, il a rédigé des ouvrages sur la technique de la direction, tels que ses Exercices manuels pour la direction d’orchestre et ses Principes d’orchestre.
Conseiller artistique : Il était réputé pour sa capacité à “révéler la musique aux musiciens”, conseillant aussi bien les chanteurs sur leur déclamation que les instrumentistes sur leur jeu.
4. L’interprétation et l’accompagnement
Dès son enfance, il pratique la musique de manière très concrète :
Pianiste répétiteur : Dès l’âge de 12 ans, il est pianiste aux Folies-Bergère du Havre.
Violoniste : Il intègre également l’orchestre du Grand Théâtre du Havre en tant que violoniste dans ses jeunes années.
Accompagnateur : Tout au long de sa vie, il a accompagné de nombreux chanteurs et instrumentistes, mettant sa sensibilité de pianiste au service du répertoire vocal.
Activités en dehors de musique
L’histoire d’André Caplet en dehors de sa carrière purement artistique est indissociable des bouleversements de son temps, notamment son engagement durant la Première Guerre mondiale. Bien qu’il ait mené une vie presque entièrement dévouée à l’art, son parcours est marqué par des responsabilités et des épreuves qui dépassent le cadre de la salle de concert.
Voici les principales facettes de ses activités non strictement créatrices :
1. L’engagement militaire et le front
C’est l’aspect le plus marquant de sa vie en dehors des partitions. En 1914, alors qu’il est au sommet de sa carrière et exempté de service militaire, André Caplet décide de s’engager comme volontaire.
Soldat au front : Il sert notamment lors de la bataille de Verdun. Son courage lui vaut d’être blessé à deux reprises.
Le traumatisme des gaz : En 1916, il est victime d’une attaque aux gaz, un événement qui aura des conséquences tragiques sur sa santé physique à long terme, affaiblissant ses poumons de manière irréversible.
La musique au service des troupes : Même dans les tranchées, il ne délaisse pas totalement ses compagnons d’armes. Il participe à des services religieux et se produit parfois avec d’autres soldats musiciens dans des cercles d’officiers ou pour l’entourage du Général Mangin.
2. L’enseignement et la transmission
Caplet n’était pas seulement un praticien, mais aussi un pédagogue soucieux de former la relève.
École militaire de musique : Entre 1918 et 1919, à la demande du général Pershing, il enseigne la direction d’orchestre, l’harmonie et l’orchestration à l’école de musique établie à Chaumont pour former le personnel militaire américain.
Directeur artistique et conseiller : Durant ses années à Boston (1910-1914), ses fonctions de directeur artistique l’amenaient à gérer l’organisation et la promotion du répertoire contemporain français aux États-Unis.
3. La critique et les cercles artistiques
Critique musical : Il a exercé une activité de critique, partageant ses réflexions sur l’évolution de la musique de son époque.
Engagement associatif : Il a été membre de collectifs influents comme “Les Apaches” (un groupe d’artistes novateurs) et la Société Musicale Indépendante (SMI), qui visait à promouvoir une approche progressiste et inclusive de la création moderne.
4. Vie personnelle et racines
Origines modestes : Issu d’une famille pauvre du Havre, il a dû travailler dès l’âge de 12 ans, forgeant ainsi un tempérament de travailleur acharné et rigoureux.
Vie de famille : Il s’est marié en 1919 avec Geneviève Perruchon, et ils ont eu un fils, Pierre, en 1920.
La famille musicale
Ses parents : une origine modeste au Havre
André Caplet naît dans une famille qui ne baigne pas initialement dans le milieu artistique professionnel. Son père, Louis Caplet, est un modeste menuisier-ébéniste, tandis que sa mère, Victoire-Adèle, s’occupe du foyer. La famille vit dans un quartier populaire du Havre, rue de la Mailleraye.
Contrairement à de nombreux compositeurs de son époque issus de la bourgeoisie ou de dynasties de musiciens, Caplet doit faire face à une situation financière précaire. C’est précisément cette modestie économique qui le pousse à travailler dès l’âge de 12 ans comme pianiste accompagnateur dans les cafés et les théâtres du Havre pour aider sa famille.
Sa famille musicale : le cercle des “Apaches” et Debussy
Si sa famille de sang est éloignée des conservatoires, André Caplet s’est construit une famille de cœur et d’esprit qui a défini sa carrière.
Claude Debussy : Il est le “père spirituel” et l’ami le plus proche. Leur relation dépassait le cadre professionnel ; Caplet était l’un des rares intimes autorisés à côtoyer Debussy dans son cercle familial restreint. Il était considéré comme le fils spirituel à qui le maître confiait ses secrets de création les plus précieux.
Les Apaches : Caplet faisait partie de ce cercle artistique informel (comprenant Maurice Ravel, Florent Schmitt ou encore Manuel de Falla). Ces musiciens se considéraient comme des “frères d’armes” artistiques, se réunissant pour défendre la modernité contre l’académisme.
Ses élèves et interprètes : Il a créé une descendance musicale, notamment à travers les musiciens américains qu’il a formés après la guerre à l’école de Chaumont, ou les harpistes pour qui il a écrit et qui ont perpétué son style.
Sa propre cellule familiale
En 1919, il épouse Geneviève Perruchon, une femme qui partagera ses dernières années marquées par la maladie. Ils ont ensemble un fils, Pierre Caplet, né en 1920. Sa famille est restée très discrète, dévouée à la mémoire du compositeur après sa mort prématurée en 1925.
On peut dire qu’André Caplet est un “self-made-man” de la musique française : parti de la menuiserie paternelle, il a fini par intégrer la plus haute aristocratie musicale de son temps.
Relations avec compositeurs
1. Claude Debussy : Le “père spirituel” et le confident
C’est la relation la plus célèbre et la plus fusionnelle de sa vie. Rencontrés vers 1907, les deux hommes ont entretenu une amitié qui allait bien au-delà de la simple collaboration professionnelle.
L’Ange des corrections : Debussy, souvent épuisé par les tâches techniques, appelait Caplet son « ange des corrections ». Il lui confiait le soin de corriger ses épreuves, de réaliser des transcriptions et surtout d’orchestrer ses œuvres (comme Children’s Corner ou La Boîte à joujoux).
Une confiance absolue : Debussy disait de lui : « Vous êtes un des rares hommes avec lesquels j’aime à échanger des idées, parce que vous répondez sans faire de fausses notes ».
Le Martyre de saint Sébastien : Caplet a joué un rôle crucial dans cette œuvre, non seulement en orchestrant les fragments symphoniques mais aussi en dirigeant la création mondiale en 1911.
2. Maurice Ravel : Le rival respecté
Bien que leurs styles diffèrent, Caplet et Ravel ont souvent vu leurs destins se croiser.
Le Prix de Rome de 1901 : C’est l’un des épisodes les plus marquants de l’histoire du conservatoire. Caplet remporte le Premier Grand Prix de Rome, laissant à Ravel un « deuxième Second Grand Prix ». Cette victoire a longtemps alimenté l’idée d’une rivalité, bien que les deux hommes soient restés en bons termes professionnels.
Projets communs : Ils figurent ensemble dans des recueils collectifs, comme le Tombeau de Ronsard en 1924, où chacun a mis en musique un sonnet du poète.
3. Les “Apaches” : Une famille de rebelles
Caplet était un membre actif du groupe “Les Apaches”, un cercle d’artistes novateurs formé autour de 1900 pour défendre la modernité (notamment le Pelléas et Mélisande de Debussy).
Florent Schmitt et Ricardo Viñes : Dans ce groupe, il côtoyait le compositeur Florent Schmitt et le pianiste Ricardo Viñes. Ensemble, ils partageaient leurs recherches harmoniques et se soutenaient face aux critiques conservatrices.
Esprit de corps : Le groupe avait même un cri de ralliement (le premier thème de la Symphonie n° 2 de Borodine) qu’ils utilisaient pour se retrouver dans la foule lors des concerts.
4. Gabriel Fauré et la Société Musicale Indépendante (SMI)
Caplet entretenait des relations suivies avec Gabriel Fauré, qui était alors une figure d’autorité bienveillante.
La création de la SMI : En 1909, Caplet participe aux côtés de Fauré, Ravel et d’autres à la fondation de la Société Musicale Indépendante. Cette organisation visait à offrir une tribune aux compositeurs modernes, en s’affranchissant des codes rigides de la Société Nationale de Musique.
5. Walter Damrosch et l’influence américaine
Lors de ses années passées aux États-Unis (1910-1914), Caplet collabore avec le chef d’orchestre et compositeur Walter Damrosch. À la fin de la guerre, il enseigne d’ailleurs dans l’école de musique que ce dernier avait établie à Chaumont pour former les musiciens militaires américains, transmettant ainsi l’école française à une nouvelle génération de compositeurs outre-Atlantique.
À retenir : Caplet était perçu comme un trait d’union entre l’impressionnisme de Debussy et les générations suivantes. Des compositeurs comme Henri Sauguet, Maurice Duruflé ou même Olivier Messiaen ont vu en lui un précurseur du renouveau spirituel et technique de la musique française.
Compositeurs similaires
Pour trouver des compositeurs similaires à André Caplet, il faut chercher des artistes qui partagent soit son esthétique impressionniste, soit son mysticisme profond, soit son immense talent d’orchestrateur.
Voici les compositeurs dont l’univers sonore se rapproche le plus du sien :
1. Claude Debussy : Le lien indissociable
C’est la référence la plus évidente. Caplet a tellement travaillé sur les partitions de Debussy qu’il a fini par assimiler ses textures vaporeuses, son usage des gammes par tons et son sens de la couleur. Si vous aimez la délicatesse des Nocturnes ou de Pelléas et Mélisande, la musique de Caplet vous semblera familière.
2. Maurice Delage : L’exotisme et la précision
Membre comme Caplet du groupe des “Apaches”, Delage partage avec lui un sens extrême du détail et une fascination pour les sonorités rares. Ses Quatre poèmes hindous possèdent cette même transparence instrumentale et cette recherche sur la voix que l’on retrouve dans les mélodies de Caplet.
3. Lili Boulanger : Le mysticisme tragique
Première femme à remporter le Prix de Rome, elle partage avec Caplet une ferveur spirituelle intense et un destin tragiquement bref. Ses œuvres sacrées, comme le Psaume 130 : Du fond de l’abîme, résonnent avec la profondeur mystique du Miroir de Jésus de Caplet. Tous deux utilisent l’orchestre pour traduire une angoisse métaphysique et une lumière divine.
4. Florent Schmitt : La puissance et l’image
Bien que la musique de Schmitt soit souvent plus massive, il partage avec Caplet cette capacité à créer des atmosphères dramatiques et “visuelles”. Son œuvre La Tragédie de Salomé emploie une richesse harmonique et une précision rythmique qui rappellent les moments les plus intenses du Conte fantastique de Caplet.
5. Olivier Messiaen : L’héritier spirituel
Bien qu’appartenant à la génération suivante, Messiaen est le continuateur de la lignée “mystique” française initiée par Caplet. On retrouve chez Messiaen cet usage de la modalité et ce désir de mettre la musique au service de la foi, avec une attention particulière portée au timbre comme vecteur de spiritualité.
6. Charles Koechlin : Le savant du timbre
Koechlin, comme Caplet, était un orchestrateur hors pair et un amoureux de la clarté française. Sa musique, souvent imprégnée de poésie et d’un certain onirisme (comme dans Le Livre de la jungle), rejoint la quête de pureté sonore de Caplet.
7. Ernest Bloch : Pour le côté rhapsodique
Dans ses œuvres pour cordes et orchestre (comme Schelomo), Bloch développe un lyrisme intense et une profondeur d’expression qui rappellent l’œuvre pour violoncelle de Caplet, Épiphanie.
Relations
1. Avec les grands interprètes
Caplet était un chef d’orchestre et un accompagnateur exigeant, ce qui l’a amené à travailler étroitement avec les virtuoses de son époque.
Micheline Kahn (Harpiste) : Elle est l’une des relations les plus cruciales pour son catalogue. C’est pour elle qu’il écrit le célèbre Conte fantastique et les deux Divertissements. Leur collaboration a permis de repousser les limites techniques de la harpe moderne.
Maurice Maréchal (Violoncelliste) : Caplet a composé pour lui Épiphanie. Leur lien s’est forgé dans le respect mutuel de la virtuosité technique mise au service d’un lyrisme profond.
Claire Croiza (Cantatrice) : Cette mezzo-soprano, grande interprète de la mélodie française, a été l’une des voix privilégiées pour donner vie à ses œuvres vocales. Elle admirait chez Caplet sa compréhension unique du texte poétique.
Ricardo Viñes (Pianiste) : Ami fidèle du groupe des “Apaches”, Viñes a été le défenseur acharné de la musique de Caplet au clavier, créant plusieurs de ses pièces et partageant avec lui une vision moderne de l’interprétation.
2. Avec les orchestres et institutions
Sa carrière de chef l’a placé à la tête de machines orchestrales prestigieuses, où il a imposé une rigueur presque clinique.
L’Orchestre de l’Opéra de Boston : Entre 1910 et 1914, il en est le maître absolu. Il y a dirigé un répertoire vaste, allant de Wagner aux créations françaises contemporaines, façonnant le son de cet ensemble pour en faire l’un des meilleurs des États-Unis.
L’Opéra de Paris : Bien que la guerre ait perturbé son mandat, il y était respecté comme une autorité. Ses répétitions étaient célèbres pour leur précision : il ne laissait passer aucune approximation rythmique ou dynamique.
3. Avec des figures du monde de la scène
Ida Rubinstein : La célèbre danseuse et mécène russe a été la commanditaire du Martyre de saint Sébastien. Caplet a dû travailler en collaboration directe avec elle pour coordonner la musique, la danse et la déclamation dramatique de cette œuvre monumentale.
Gabriele D’Annunzio : L’écrivain italien, auteur du livret du Martyre, a entretenu une relation de travail intense avec Caplet lors de la création de l’œuvre. Caplet devait adapter sa musique aux exigences poétiques et parfois excentriques du poète.
4. Relations avec des non-musiciens et mécènes
Le Général Mangin : Durant la Première Guerre mondiale, Caplet se retrouve sous les ordres du général Mangin. Ce dernier, amateur d’art, reconnaît le génie du musicien et l’autorise parfois à organiser des moments musicaux pour les officiers, préservant ainsi un lien avec l’art au milieu de l’horreur des tranchées.
Jacques Durand (Éditeur) : Le célèbre éditeur de musique Durand était un interlocuteur constant. Il gérait non seulement les publications de Caplet, mais servait aussi d’intermédiaire dans sa correspondance avec Debussy.
Geneviève Perruchon (Son épouse) : Bien qu’elle ne fût pas une figure publique de la musique, elle a joué un rôle de soutien indispensable, particulièrement après 1919, lorsque la santé de Caplet déclinait. Elle est restée la gardienne de sa mémoire et de ses manuscrits après sa mort.
5. Avec le public américain
À Boston, Caplet est devenu une véritable célébrité locale. Il a entretenu une relation privilégiée avec le public et la critique américaine, agissant comme un ambassadeur de la culture française. Son départ en 1914 pour s’engager dans l’armée française a été vécu comme une perte majeure pour la vie culturelle bostonienne.
Œuvres pour piano seul
Les œuvres originales
Fête galante (1901) : Une pièce de jeunesse raffinée qui évoque l’univers poétique de Watteau et de Verlaine, très en vogue à cette époque.
Un tas de petites choses (1919) : Il s’agit d’un recueil de petites pièces pour piano à quatre mains, mais dont certaines sections sont souvent jouées ou adaptées. Elles montrent un côté plus malicieux et pédagogue du compositeur.
Deux pièces pour piano : Comprenant Adagio et Petite Valse, ces compositions révèlent son sens mélodique et sa capacité à créer une atmosphère en quelques mesures seulement.
Les transcriptions (souvent considérées comme des œuvres à part entière)
Caplet avait un tel génie pour le piano qu’il a réécrit pour cet instrument des œuvres orchestrales complexes, les rendant célèbres sous cette forme :
La Mer (de Debussy) : Sa transcription pour piano à deux mains (ou quatre mains) est un tour de force technique. Elle est encore jouée aujourd’hui par les pianistes qui souhaitent explorer la structure profonde du chef-d’œuvre de Debussy.
Le Martyre de saint Sébastien : Il a réalisé des extraits pour piano qui permettent de retrouver l’atmosphère mystique de la scène sans avoir besoin d’un orchestre complet.
Caractéristiques de son style pianistique
La musique de piano de Caplet se reconnaît à :
Une recherche de transparence (peu de pédale grasse, des traits nets).
L’utilisation de modes anciens qui donnent une couleur un peu archaïque et mystérieuse.
Une écriture très articulée, héritée de son passé de pianiste répétiteur et de chef d’orchestre.
Œuvres de musique de chambre
Le Conte fantastique (1908) C’est sans doute sa pièce la plus célèbre. Écrit pour harpe et quatuor à cordes, ce poème symphonique de chambre s’inspire de la nouvelle Le Masque de la Mort rouge d’Edgar Allan Poe. Caplet y utilise la harpe de manière révolutionnaire, non plus seulement comme instrument ornemental, mais comme un acteur dramatique capable de sonorités percutantes et angoissantes.
Le Septuor (1909) Cette œuvre est une curiosité fascinante. Elle est composée pour un quatuor à cordes et trois voix de femmes (soprano, mezzo-soprano et alto). Caplet y traite les voix comme des instruments à part entière, sans paroles (vocalises), pour créer une texture sonore vaporeuse et mystique qui préfigure ses recherches ultérieures.
Le Quintette pour piano et vents (1899) Une œuvre de jeunesse couronnée de succès, écrite pour piano, flûte, hautbois, clarinette et basson. Bien qu’ancrée dans une forme plus classique, on y perçoit déjà la clarté et l’élégance de son écriture, ainsi qu’une grande maîtrise des instruments à vent.
La Suite persane (1900) Composée pour un dixtuor à vents (deux flûtes, deux hautbois, deux clarinettes, deux cors et deux bassons), cette suite témoigne de l’intérêt de Caplet pour l’orientalisme, très en vogue au tournant du siècle. Elle se distingue par ses couleurs chatoyantes et ses rythmes évocateurs.
Les deux Divertissements pour harpe (1924) Composés vers la fin de sa vie pour la harpiste Micheline Kahn, ces deux pièces (à la française et à l’espagnole) sont devenues des piliers du répertoire de la harpe. Elles exploitent toute la palette technique de l’instrument avec une finesse extrême.
L’Improvisations d’après “Le Pain quotidien” (1919) Une pièce pour violoncelle et piano qui montre la capacité de Caplet à créer un lyrisme intense et une atmosphère recueillie, caractéristique de sa production après la Première Guerre mondiale.
Rêverie et Petite Valse (1897) Deux pièces charmantes pour flûte et piano qui appartiennent à ses années de formation mais qui sont encore fréquemment jouées par les flûtistes pour leur élégance mélodique.
Œuvres symphoniques
1. Épiphanie (1923)
C’est probablement son œuvre symphonique la plus importante. Conçue comme une « fresque musicale » pour violoncelle et orchestre, elle s’inspire d’un récit éthiopien sur la naissance du Christ. Ce n’est pas un concerto traditionnel, mais plutôt un voyage spirituel où le violoncelle guide l’auditeur à travers des paysages sonores d’une grande richesse modale. Elle se divise en trois parties : Cortège, Cadence et Danse des petits nègres.
2. Le Miroir de Jésus (1923)
Bien qu’elle fasse appel à des voix, cette œuvre est souvent classée parmi ses grandes pages symphoniques en raison de l’ampleur de son écriture pour orchestre à cordes et harpes. Cette succession de « mystères » (du Rosaire) constitue son testament musical. L’orchestre y crée une lumière vaporeuse et un sentiment d’éternité qui ont profondément marqué la musique sacrée française.
3. Le Masque de la Mort rouge (version orchestrale du Conte fantastique)
Initialement écrit pour harpe et quatuor à cordes, Caplet en a réalisé une version pour harpe et orchestre symphonique. Cette œuvre est un chef-d’œuvre de musique narrative où l’orchestre est utilisé pour traduire l’angoisse, le battement du temps (l’horloge d’ébène) et l’irruption du fantastique d’Edgar Allan Poe.
4. Marche triomphale et de fête (1901)
Écrite pour célébrer le centenaire de la naissance de Victor Hugo, cette œuvre de jeunesse montre déjà un grand sens de la forme et une maîtrise de la puissance orchestrale. C’est une pièce brillante qui lui permit d’affirmer sa réputation de chef de file de la jeune école française après son Prix de Rome.
5. Ses célèbres orchestrations de Debussy
Bien qu’il s’agisse de compositions de Debussy, le travail symphonique de Caplet sur ces œuvres est si créatif qu’il fait partie intégrante de son héritage :
Le Martyre de saint Sébastien : Caplet a transformé la musique de scène originale en une suite symphonique monumentale.
La Boîte à joujoux : Il a entièrement réalisé l’orchestration de ce ballet que Debussy n’avait laissé qu’au piano.
Children’s Corner : Sa version orchestrale est devenue le standard international, tant il a su traduire avec des instruments les couleurs enfantines et poétiques du piano de Debussy.
Autres œuvres célèbres
En dehors de ses pièces instrumentales, le cœur du génie d’André Caplet réside dans la musique vocale, qu’elle soit religieuse ou profane. C’est dans ce domaine qu’il a exprimé sa spiritualité la plus pure et son incroyable compréhension de la langue française.
Voici ses autres œuvres majeures :
1. La Musique Sacrée et Chorale
C’est le sommet de sa production “mystique”. Caplet y explore des sonorités éthérées et souvent archaïques.
Messe à trois voix (1920) : Écrite pour trois voix de femmes (ou d’hommes) a cappella. C’est une œuvre d’une pureté absolue, inspirée par le chant grégorien et la polyphonie de la Renaissance, tout en restant harmonieusement moderne.
Les Prières (1914-1917) : Un triptyque composé du Pater Noster, de l’Ave Maria et du Symbolum Apostolorum (Credo). Ces pièces, pour voix et piano (ou quatuor à cordes), frappent par leur dépouillement et leur ferveur, loin de toute emphase grandiloquente.
Inscriptions champêtres (1914) : Un cycle pour chœur de femmes a cappella sur des textes de Remy de Gourmont. Ces pièces sont de véritables bijoux de délicatesse vocale, évoquant la nature avec une subtilité typiquement impressionniste.
2. Les Mélodies (Voix et Piano)
Caplet est l’un des plus grands maîtres de la mélodie française. Il traite le texte avec une précision de joaillier.
Le Vieux Coffret (1914-1917) : Un cycle de quatre mélodies sur des poèmes de Remy de Gourmont. On y trouve notamment “Forêt”, une pièce où l’accompagnement crée une atmosphère mystérieuse et enveloppante.
Cinq Ballades Françaises (1919-1920) : Sur des poèmes de Paul Fort. Ce cycle montre un Caplet plus terrien, parfois malicieux (comme dans “Cloche d’aube”), mais toujours d’une grande élégance mélodique.
Trois Fables de Jean de la Fontaine (1919) : “Le Corbeau et le Renard”, “La Cigale et la Fourmi” et “Le Loup et l’Agneau”. Caplet y fait preuve d’un humour décapant et d’un sens dramatique remarquable, adaptant la musique aux péripéties des fables.
Quand reverrai-je, hélas… (1916) : Une mise en musique poignante du célèbre sonnet de Joachim du Bellay, écrite alors que Caplet était mobilisé pendant la guerre.
3. Les Œuvres Lyriques et Cantates
Bien qu’il n’ait pas laissé d’opéras achevés qui soient restés au répertoire, il a composé des œuvres vocales de grande envergure.
Myrrha (1901) : La cantate qui lui a valu le Prix de Rome. C’est une œuvre plus traditionnelle et dramatique, conforme aux exigences du concours, mais qui laisse déjà entrevoir sa maîtrise de la voix.
Panis Angelicus (1919) : Pour voix, harpe, violoncelle et orgue. Une pièce courte mais d’une immense ferveur, souvent jouée lors de cérémonies.
4. Les transcriptions et orchestrations vocales
Caplet a également “habillé” les œuvres vocales de Debussy pour la scène.
Le Martyre de saint Sébastien : On ne peut passer outre cette œuvre monumentale dont il a réalisé l’essentiel de l’orchestration pour accompagner les voix (chœurs et solistes) sur le livret de D’Annunzio.
Episodes et anecdotes
Le “vol” du Prix de Rome à Ravel
En 1901, le concours du Prix de Rome fait scandale dans le milieu musical parisien. André Caplet remporte le Premier Grand Prix avec sa cantate Myrrha. Juste derrière lui, on trouve Maurice Ravel, qui ne reçoit qu’un “deuxième second prix”. Cette victoire de Caplet sur Ravel a longtemps alimenté les débats : Caplet était-il le favori des académiciens face à un Ravel trop audacieux ? En réalité, la partition de Caplet était d’une perfection technique telle que le jury ne put lui refuser le prix. Loin d’être ennemis, les deux compositeurs resteront des membres respectés du même cercle d’avant-garde.
L’ “Ange des corrections” de Debussy
La relation entre Debussy et Caplet a donné lieu à des échanges savoureux. Debussy, qui détestait les tâches laborieuses de l’orchestration ou de la relecture, appelait Caplet son « cher ange des corrections ». Une anecdote raconte que Debussy lui envoyait ses manuscrits avec des mots d’une confiance absolue, lui laissant parfois le soin de décider lui-même de certains dosages instrumentaux. Caplet était si imprégné du style de son ami qu’il parvenait à écrire « du Debussy » mieux que Debussy lui-même lorsqu’il s’agissait de passer du piano à l’orchestre.
Le chef d’orchestre “métronomique” à Boston
Lorsqu’il dirigeait à l’Opéra de Boston, Caplet était surnommé par certains musiciens « le tyran de la précision ». On raconte qu’il était capable d’arrêter tout l’orchestre parce qu’un second violon avait décalé une double croche d’une fraction de seconde. Cette exigence, qui pouvait paraître froide, visait en réalité à obtenir une transparence sonore absolue. Après ses répétitions épuisantes, les musiciens reconnaissaient que l’orchestre n’avait jamais sonné de manière aussi limpide.
Le compositeur des tranchées
L’épisode le plus héroïque de sa vie se déroule durant la Grande Guerre. Bien qu’il soit une célébrité internationale et qu’il puisse rester à l’abri, Caplet s’engage volontairement. Une anecdote poignante rapporte qu’il continuait à noter des idées musicales sur des carnets de fortune entre deux assauts. Il aurait même organisé un petit chœur avec ses camarades soldats pour chanter des hymnes lors des fêtes religieuses, apportant un instant de beauté au milieu de l’horreur de Verdun. C’est lors d’un de ces épisodes qu’il fut grièvement gazé, un accident qu’il traitait avec une certaine pudeur, refusant de se plaindre de sa santé déclinante.
L’humour des Fables de La Fontaine
Lorsqu’il composa ses Trois Fables de La Fontaine, Caplet fit preuve d’un humour malicieux qui contrastait avec son image de mystique sérieux. Lors des premières répétitions de “La Cigale et la Fourmi”, il insistait pour que la chanteuse imite presque le ton d’une quémandeuse affamée, tandis que le piano devait rendre le ton sec et cassant de la Fourmi. Il s’amusait beaucoup de voir la musique devenir un outil de caricature psychologique.
Le saviez-vous ? Caplet était si modeste que, malgré ses succès mondiaux, il revenait souvent au Havre pour voir sa famille et restait très attaché à ses racines populaires, loin des mondanités parisiennes.
(La rédaction de cet article a été assistée et effectuée par Gemini, un grand modèle linguistique (LLM) de Google. Et ce n’est qu’un document de référence pour découvrir des musiques que vous ne connaissez pas encore. Le contenu de cet article n’est pas garanti comme étant totalement exact. Veuillez vérifier les informations auprès de sources fiables.)