Aperçu général
La “Sonatine pour piano, M. 40” de Maurice Ravel est une œuvre emblématique et concise, composée entre 1903 et 1905. Elle est dédiée aux amis du compositeur, Ida et Cipa Godebski. L’œuvre est considérée comme l’un des chefs-d’œuvre de Ravel pour piano, souvent saluée pour sa clarté, son équilibre et sa délicatesse.
Structure en trois mouvements :
Modéré : Le premier mouvement, en fa dièse mineur, est d’une grande élégance. Il se caractérise par une mélodie fluide et un langage harmonique riche, typique du style de Ravel. Il établit une atmosphère délicate et rêveuse.
Mouvement de menuet : Ce mouvement central, en ré bémol majeur, est un menuet stylisé. Il évoque le raffinement et l’élégance du XVIIIe siècle, tout en étant imprégné du lyrisme et de la modernité de Ravel. Il offre un contraste de tempo et de tonalité avec les deux autres mouvements.
Animé : Le final, en fa dièse mineur, est le plus virtuose techniquement. Il est plein d’énergie et de vivacité, avec des rythmes complexes et des changements de mesure (notamment entre 3/4 et 5/4). Il se termine par une conclusion brillante et lumineuse en fa dièse majeur, apportant une fin triomphante à l’œuvre.
Style et caractéristiques :
Concision et clarté : Contrairement aux grandes sonates romantiques, la Sonatine de Ravel se distingue par sa brièveté et sa structure claire, rappelant les formes classiques tout en étant modernisée par son langage harmonique.
Influence des maîtres français : Ravel a puisé son inspiration dans l’écriture pour clavier des maîtres français du XVIIIe siècle comme Couperin et Rameau, ce qui se reflète dans la finesse et l’élégance de l’œuvre.
Virtuosité délicate : Bien que moins monumentale que d’autres œuvres de Ravel comme Gaspard de la nuit, la Sonatine exige une grande finesse technique et une sensibilité particulière de la part de l’interprète.
Importance dans l’œuvre de Ravel : La Sonatine est l’une des premières œuvres de Ravel à être publiée par l’éditeur Durand, qui deviendra son principal collaborateur. Elle marque une étape importante dans le développement du style du compositeur.
En résumé, la “Sonatine, M. 40” est une œuvre maîtresse de Ravel pour piano, appréciée pour son équilibre parfait entre la tradition classique et l’innovation de l’impressionnisme français, alliant une structure formelle stricte à une expressivité lyrique et une virtuosité subtile.
Liste des titres
La Sonatine pour piano, M. 40 de Ravel est une œuvre en trois mouvements. Elle est dédiée à Ida et Cipa Godebski, de grands amis du compositeur.
Voici le détail de ses mouvements :
I. Modéré
II. Mouvement de menuet
III. Animé
L’œuvre ne comporte pas de sous-titres spécifiques ou de titres alternatifs allemands, étant une œuvre française par essence. Le titre de “Sonatine” lui-même est un terme musical qui désigne une “petite sonate”, reflétant la structure classique et la concision de l’œuvre par rapport à une sonate traditionnelle de grande envergure.
Histoire
L’histoire de la Sonatine, M. 40 de Maurice Ravel est aussi fascinante que l’œuvre elle-même, car sa création est liée à une petite anecdote de l’histoire musicale française.
En 1903, une revue musicale parisienne, la Weekly Critical Review, organisa un concours de composition. Le défi était de créer le premier mouvement d’une sonate pour piano en fa dièse mineur, ne dépassant pas 75 mesures. C’était une commande très spécifique, presque un “cahier des charges” pour compositeur.
Ravel, qui était déjà un musicien reconnu mais cherchait encore sa place dans le monde musical académique, s’est lancé dans ce défi. Il composa le premier mouvement de sa future Sonatine. Cependant, l’histoire veut que Ravel ait dépassé la limite de 75 mesures. Le mouvement qu’il créa en faisait 84, ce qui le disqualifia du concours. On peut imaginer la frustration du compositeur, qui était à la fois un perfectionniste et un esprit libre ne se soumettant pas facilement aux contraintes.
Ironie du sort, la revue fit faillite peu de temps après, annulant de fait le concours. Ravel, ayant déjà une base de travail, décida de ne pas abandonner son projet. Il compléta l’œuvre en y ajoutant deux autres mouvements : le charmant “Mouvement de menuet” et le virtuose “Animé”. C’est ainsi que la Sonatine fut achevée en 1905, devenant une pièce complète et équilibrée.
L’œuvre fut dédiée aux amis de Ravel, Ida et Cipa Godebski. Ce couple, qui tenait un célèbre salon parisien, était un foyer pour de nombreux artistes de l’époque, y compris le groupe des “Apaches” dont Ravel faisait partie. Il est intéressant de noter que Ravel a par la suite dédié sa suite pour piano à quatre mains, Ma mère l’Oye, aux enfants des Godebski.
La première exécution complète de la Sonatine eut lieu à Lyon le 10 mars 1906, interprétée par Paule de Lestang. Sa première parisienne suivit peu après. L’œuvre fut accueillie avec succès et est depuis devenue l’une des pièces les plus jouées et appréciées du répertoire pour piano de Ravel.
Cette histoire est un excellent exemple de la créativité de Ravel, qui a su transformer un échec de concours en une œuvre d’art accomplie et intemporelle, en combinant l’exigence de la forme classique avec sa propre sensibilité moderne et impressionniste.
Impacts & Influences
La Sonatine, M. 40 de Maurice Ravel a eu un impact significatif et une influence durable, malgré sa petite taille. Elle est souvent considérée comme une œuvre charnière qui incarne à la fois la tradition classique et les innovations du XXe siècle.
Impacts sur la musique pour piano
Le renouveau de la forme classique : À une époque dominée par le gigantisme romantique de compositeurs comme Richard Wagner et les expérimentations impressionnistes de Claude Debussy, Ravel a choisi de revenir à la forme de la sonate, mais en la réduisant à une “sonatine”. Cette démarche a contribué à revitaliser l’intérêt pour les structures classiques, montrant qu’elles pouvaient être utilisées avec un langage harmonique moderne. 🎻
La clarté et l’équilibre : L’œuvre est louée pour sa construction logique et son équilibre parfait. Chaque note semble avoir sa place, et la musique, bien que riche en harmonie, n’est jamais surchargée. Cette recherche de clarté est devenue une marque de fabrique du style de Ravel et a influencé d’autres compositeurs à privilégier la précision et la concision.
L’écriture pianistique : Ravel y développe une écriture virtuose, mais d’une finesse et d’une délicatesse subtiles, loin de la bravoure spectaculaire du romantisme. Le troisième mouvement, “Animé”, en est un parfait exemple, avec ses rythmes complexes et sa virtuosité qui sert l’expression musicale plutôt que l’inverse. Cela a ouvert la voie à un nouveau type de virtuosité, plus raffinée et moins démonstrative.
Influences sur d’autres compositeurs et mouvements
Le néoclassicisme : La Sonatine est l’une des premières œuvres, sinon la première, à être vue comme un chef-d’œuvre du néoclassicisme français. En réinterprétant les formes du passé avec une sensibilité moderne, Ravel a inspiré d’autres compositeurs, notamment Igor Stravinsky et le groupe des Six, à explorer cette voie. Elle est un modèle d’équilibre entre respect de la tradition et innovation.
Influence sur Stravinsky : Le compositeur Igor Stravinsky, bien que de tempérament différent, a été très impressionné par le perfectionnisme de Ravel et sa maîtrise formelle. On peut trouver des échos de la recherche de clarté et du retour à des formes plus structurées chez Stravinsky, notamment dans sa période néoclassique.
Influence sur les compositeurs de musique de film : La précision orchestrale et la maîtrise de la couleur de Ravel, déjà présentes dans la Sonatine (même si c’est une pièce pour piano), ont eu une influence considérable sur de nombreux compositeurs de musique de film au XXe siècle, qui ont cherché à créer des ambiances subtiles et des textures orchestrales complexes.
Caractéristiques de la musique
La Sonatine, M. 40 de Maurice Ravel n’est pas une collection ou une suite, mais une composition unique en trois mouvements. Ses caractéristiques musicales sont très représentatives du style de Ravel et de la période néoclassique.
Clarté et forme classique
Ravel reprend la structure traditionnelle de la sonate, mais la condense, d’où le nom de “sonatine” (petite sonate). Il y a un équilibre parfait entre les trois mouvements, chacun ayant un caractère bien défini :
Modéré : Un premier mouvement en forme sonate, élégant et lyrique.
Mouvement de menuet : Un mouvement lent et gracieux, qui rappelle les danses de l’époque baroque et classique.
Animé : Un final rapide et virtuose, qui conclut l’œuvre avec énergie.
Cette approche est un excellent exemple du néoclassicisme, qui cherche à moderniser les formes du passé.
Harmonie et langage musical
Bien que la forme soit classique, le langage harmonique est résolument moderne. Ravel utilise des accords de neuvième et de onzième, des harmonies modales et des chromatismes qui donnent à la musique sa couleur et sa richesse. Les passages sont souvent construits sur des gammes pentatoniques ou des modes anciens, créant une atmosphère à la fois familière et exotique. La tonalité principale, fa dièse mineur, est assez inhabituelle et contribue à l’originalité de l’œuvre.
Écriture pianistique
L’écriture de Ravel est très raffinée. Il ne s’agit pas d’une virtuosité démonstrative comme chez Liszt, mais d’une virtuosité de la finesse et de la précision. Le compositeur met l’accent sur les textures, les timbres et la clarté des lignes mélodiques. L’interprète doit faire preuve d’une grande dextérité pour les rythmes complexes, notamment les changements de mesure dans le dernier mouvement, ainsi que d’une sensibilité pour les nuances délicates.
En résumé, les caractéristiques musicales de la Sonatine de Ravel résident dans l’équilibre entre la forme classique, l’harmonie moderne et une écriture pianistique d’une grande finesse, qui en fait une œuvre intemporelle et un chef-d’œuvre du répertoire.
Style(s), mouvement(s) et période de composition
La Sonatine, M. 40 de Maurice Ravel, composée entre 1903 et 1905, est une œuvre fascinante car elle se situe à un carrefour stylistique de la musique du début du XXe siècle. Elle ne peut être classée dans une seule catégorie, mais représente plutôt une synthèse de plusieurs courants musicaux.
Période : Modernisme du début du XXe siècle
La Sonatine a été écrite pendant la période dite moderniste. C’était une époque de rupture avec les traditions du XIXe siècle, où les compositeurs exploraient de nouvelles harmonies, de nouvelles formes et de nouvelles textures sonores. Ravel, avec ses pairs comme Claude Debussy, était à l’avant-garde de ce mouvement en France.
Style et mouvement : Un mélange de classicisme, d’impressionnisme et de néoclassicisme
La musique de la Sonatine est un mélange d’influences anciennes et nouvelles, ce qui en fait une œuvre à la fois traditionnelle et novatrice.
Traditionnelle et classique : Son titre même, “Sonatine”, est un clin d’œil à la forme classique de la sonate. Ravel s’inspire clairement des maîtres du XVIIIe siècle, notamment les clavecinistes français comme François Couperin et Jean-Philippe Rameau. Le deuxième mouvement, un “Mouvement de menuet”, est un hommage direct à ces formes de danse anciennes. L’œuvre est structurée de manière claire et équilibrée, loin de l’exubérance et de l’hypertrophie des œuvres post-romantiques de l’époque.
Novatrice et impressionniste : Bien que la forme soit classique, le langage musical est résolument novateur. L’œuvre porte des marques claires de l’impressionnisme musical. Ravel utilise des harmonies riches et complexes (accords de neuvième, de onzième, etc.), des couleurs sonores délicates et une écriture pianistique qui met en valeur le timbre de l’instrument. La musique cherche à évoquer des atmosphères plutôt qu’à raconter une histoire, comme on le voit dans le premier mouvement, “Modéré”, qui dégage une ambiance subtile et rêveuse.
Néoclassique : En combinant une forme classique avec une harmonie moderne, la Sonatine est souvent considérée comme l’une des premières œuvres majeures du néoclassicisme français. Ce mouvement, qui prendra toute son ampleur après la Première Guerre mondiale, visait à revenir à la clarté et à la simplicité des formes anciennes tout en employant un langage musical du XXe siècle. L’œuvre de Ravel est un parfait exemple de cette tendance, montrant qu’il est possible de créer quelque chose de nouveau en se basant sur la tradition.
En conclusion, la Sonatine de Ravel est une œuvre de la période moderniste. Son style est une fusion unique de plusieurs courants : elle a des racines dans le classicisme (forme), une esthétique inspirée de l’impressionnisme (harmonie et timbre) et est un précurseur du néoclassicisme (synthèse des deux). Elle est à la fois ancienne et nouvelle, traditionnelle et novatrice, et c’est cette dualité qui en fait un chef-d’œuvre intemporel et une pièce essentielle pour comprendre l’évolution de la musique de Ravel et de son époque.
Analyse: Forme, Technique(s), texture, harmonie, rythme
La Sonatine, M. 40 de Maurice Ravel est une œuvre riche en subtilités, qui allie une structure classique à un langage musical moderne.
Analyse de la structure et de la forme
La Sonatine est une œuvre en trois mouvements, suivant la forme traditionnelle de la sonate, mais à une échelle plus réduite.
Modéré : C’est un mouvement en forme sonate classique. Il présente deux thèmes principaux qui sont exposés, développés et réexposés, bien que de manière plus concise et fluide que dans les sonates romantiques. Le mouvement est en fa dièse mineur, avec une modulation vers d’autres tonalités.
Mouvement de menuet : C’est un menuet stylisé, une forme de danse baroque en trois parties (Menuet-Trio-Menuet). Ravel en préserve la structure ternaire mais y insuffle son langage harmonique unique. La tonalité est en ré bémol majeur.
Animé : Le final est un rondo-sonate, une forme qui combine la structure du rondo (un thème principal qui revient) et les caractéristiques de la forme sonate. Il est le plus virtuose techniquement, avec des rythmes complexes. Il se termine de manière brillante en fa dièse majeur.
Analyse de la texture et de la technique
La texture de la Sonatine est majoritairement polyphonique et contrapuntique. Ravel entrelace plusieurs lignes mélodiques, en particulier dans le premier et le dernier mouvement, plutôt que d’avoir une seule mélodie accompagnée d’accords. La mélodie est souvent répartie entre les deux mains du pianiste, créant un effet de dialogue et une grande clarté.
La technique pianistique exigée est très raffinée. Il ne s’agit pas de force, mais de précision, d’agilité et de légèreté. Le compositeur utilise de nombreux arpèges, des accords larges et des octaves, ainsi que des passages rapides et des changements de mesure, notamment dans le dernier mouvement, qui nécessitent une grande virtuosité.
Harmonie, gamme, tonalité et rythme
Harmonie : L’harmonie est la marque de fabrique de Ravel. Elle est riche, chromatique et modale. Ravel utilise des accords enrichis (neuvièmes, onzièmes, treizièmes) et des harmonies non fonctionnelles qui créent une atmosphère impressionniste et éthérée. Les tritons et les accords de septième diminuée sont également fréquents.
Gammes et tonalité : La tonalité principale est fa dièse mineur. Ravel explore d’autres tonalités au cours de l’œuvre, et utilise souvent des modes anciens (comme le mode dorien ou le mode éolien) ainsi que la gamme pentatonique pour créer des sonorités particulières et des ambiances exotiques.
Rythme : Le rythme est l’un des éléments les plus novateurs. Ravel utilise une grande variété de motifs rythmiques et des changements de mesure inattendus (en particulier les alternances entre 3/4 et 5/4 dans le dernier mouvement) qui donnent à la musique un sentiment de déséquilibre et de surprise, tout en restant très contrôlé.
En somme, la Sonatine est un modèle de synthèse. Elle est à la fois polyphonique dans sa texture, classique dans sa structure, et résolument moderne dans son harmonie, son rythme et sa technique, ce qui en fait un chef-d’œuvre du répertoire pour piano du début du XXe siècle.
Tutoriel, conseils d’interprétation et points importants de jeu
Pour jouer la Sonatine, M. 40 de Maurice Ravel au piano, il ne s’agit pas seulement de technique, mais aussi de comprendre l’esthétique et les intentions du compositeur. Voici un tutoriel, des conseils d’interprétation et des points importants pour chaque mouvement.
Points généraux
Clarté et précision : Ravel exige une exécution extrêmement précise. Chaque note doit être entendue clairement, même dans les passages rapides. Évitez de superposer les sons ou d’utiliser la pédale de manière excessive.
Toucher délicat : Le son ne doit jamais être dur ou percussif. Cherchez un toucher léger, chantant et velouté. La virtuosité de Ravel est subtile, pas démonstrative.
Rythme : Étudiez les rythmes avec une grande rigueur. Utilisez un métronome pour maîtriser les passages complexes, en particulier dans le dernier mouvement.
Mouvement I : Modéré
Atmosphère : Ce mouvement doit être joué avec un sentiment de calme et de noblesse. Le “Modéré” n’est pas un tempo lent, mais un tempo équilibré, qui permet aux phrases de respirer.
Technique :
Main gauche : Le thème d’ouverture est à la main gauche. Il doit être chantant, avec une belle sonorité. Assurez-vous que les accords de la main droite ne couvrent pas la mélodie.
Passages arpégés : Il y a de nombreux passages en arpèges. Jouez-les de manière fluide et régulière, comme une vague. La pédale doit être utilisée avec parcimonie pour éviter de brouiller les harmonies.
Conseil d’interprétation : Pensez à l’élégance d’un claveciniste français. Les phrases doivent être longues et lyriques, mais avec une retenue aristocratique. L’ambiance générale est rêveuse et intime.
Mouvement II : Mouvement de menuet
Atmosphère : Ce menuet doit être d’une grâce et d’une légèreté exquises. Le caractère est intime et poétique, avec un sens du classicisme.
Technique :
Le trio : La partie centrale (le trio) exige une grande maîtrise du legato. La mélodie doit être jouée avec une expression profonde, comme un chant sans paroles.
Équilibre des mains : Souvent, la main gauche a des figurations complexes qui accompagnent la main droite. Il faut que la main gauche soit légère et transparente, tout en restant précise rythmiquement.
Conseil d’interprétation : Imaginez une scène de ballet, où chaque pas est mesuré et élégant. Ravel a lui-même chorégraphié certaines de ses œuvres. Pensez à un dialogue délicat entre les deux mains. Le son doit être clair et cristallin.
Mouvement III : Animé
Atmosphère : C’est un mouvement plein d’énergie, de vivacité et de virtuosité. Le terme “animé” ne se limite pas au tempo, il suggère aussi une certaine passion et un dynamisme.
Technique :
Rythmes complexes : Les changements de mesure (de 3/4 à 5/4 et autres) sont le plus grand défi. Pratiquez ces passages très lentement avec le métronome, en tapant les subdivisions pour bien les intérioriser.
Accords et octaves : Le mouvement est rempli d’accords et d’octaves rapides. Assouplissez vos poignets pour éviter la tension. Ne jouez pas avec force, mais avec un geste rapide et léger.
Clarté : Même à grande vitesse, chaque note doit être distincte. Le passage final, avec ses doubles croches, doit être exécuté avec une extrême précision.
Conseil d’interprétation : Ce mouvement est une sorte de perpetuum mobile pianistique. Maintenez une énergie constante, comme un moteur qui tourne sans jamais s’arrêter. Les crescendos doivent être progressifs et la conclusion en fa dièse majeur doit être une explosion de lumière.
En résumé, la clé pour interpréter la Sonatine de Ravel est la maîtrise du son, de la clarté et du rythme. Il faut un équilibre entre la virtuosité technique et la sensibilité artistique, en cherchant toujours une élégance et une finesse qui sont la marque de fabrique du compositeur.
Pièce ou collection à succès à l’époque?
Le succès de la Sonatine, M. 40 de Maurice Ravel à l’époque de sa sortie n’a pas été immédiat et retentissant comme pour d’autres œuvres populaires, mais elle a rapidement été reconnue par les cercles musicaux et a gagné en estime au fil du temps.
Réception critique
À sa création en 1906, la Sonatine a été bien accueillie par les critiques musicaux, qui ont immédiatement noté sa clarté, sa concision et son élégance. Elle a été saluée comme une œuvre qui renouait avec les formes du XVIIIe siècle tout en étant résolument moderne dans son langage harmonique. Elle a été perçue comme un chef-d’œuvre de perfection et de raffinement, et Ravel lui-même semblait avoir une grande estime pour cette œuvre, l’incluant régulièrement dans ses récitals.
Cependant, il est important de noter que son succès n’était pas de l’ampleur d’un phénomène de masse. La Sonatine était une pièce destinée à un public averti, et sa virtuosité subtile la rendait moins spectaculaire que les grandes œuvres post-romantiques.
Ventes des partitions
Les ventes des partitions de la Sonatine à l’époque n’ont probablement pas été des records. La musique de Ravel, bien qu’admirée, n’était pas encore aussi universellement connue qu’elle l’est aujourd’hui. L’éditeur de Ravel à l’époque, Durand & Fils, a joué un rôle crucial dans la diffusion de ses œuvres, mais il a fallu du temps pour que la Sonatine devienne un classique du répertoire pour piano.
Le succès grandissant
C’est avec le temps que la Sonatine a acquis sa stature de chef-d’œuvre. De nombreux pianistes de renom l’ont incluse dans leur répertoire, et elle est devenue une pièce incontournable pour les étudiants en piano. Le fait qu’elle soit aujourd’hui largement disponible, en version papier ou numérique, témoigne de son succès durable. Les critiques musicaux d’aujourd’hui la considèrent comme l’une des œuvres les plus importantes de Ravel, un “adieu bouleversant au monde des certitudes artistiques” selon le musicologue Marcel Marnat.
En résumé, la Sonatine n’a pas été un “hit” commercial instantané, mais une œuvre dont la valeur a été reconnue par les experts dès sa sortie, et qui a gagné en popularité et en succès au fil des décennies pour devenir un classique incontesté du répertoire pour piano.
Enregistrements célèbres
La Sonatine de Ravel est une œuvre de référence dans le répertoire pianistique. De nombreux grands pianistes l’ont enregistrée, offrant des interprétations variées, allant des traditions historiques aux approches plus modernes. Voici une liste des enregistrements célèbres et des interprètes incontournables.
Enregistrements historiques et de la grande tradition
Alfred Cortot (enregistrements de 1931) : Ces enregistrements sont des documents historiques précieux. Cortot, l’un des plus grands pianistes français, était un contemporain de Ravel et son jeu incarne la grande tradition romantique et française. Son interprétation est très expressive, avec une grande liberté rythmique et un lyrisme prononcé.
Robert Casadesus : Casadesus est souvent considéré comme l’un des plus fidèles interprètes de Ravel. Son jeu se caractérise par une clarté impeccable, une précision technique et une élégance qui mettent en lumière la structure néoclassique de la Sonatine.
Vlado Perlemuter : Élève de Ravel lui-même, Vlado Perlemuter a bénéficié de conseils directs du compositeur. Ses enregistrements sont donc d’une importance capitale. Son interprétation est à la fois rigoureuse et poétique, avec un sens profond de la couleur et de la nuance. C’est une référence absolue pour quiconque souhaite comprendre l’esprit de la musique de Ravel.
Walter Gieseking : Ce pianiste allemand, connu pour son toucher impressionniste, a laissé un enregistrement mythique de la Sonatine. Son interprétation se distingue par une sonorité diaphane, une délicatesse et une fluidité remarquables, idéales pour l’aspect impressionniste de l’œuvre.
Enregistrements standards et interprétations de référence
Samson François : L’approche de Samson François est très personnelle et fascinante. Son jeu est audacieux, avec un sens de la fantaisie et une expressivité unique qui s’éloignent de la simple perfection technique pour créer une interprétation vivante et singulière.
Pascal Rogé : Pascal Rogé est un interprète français de Ravel reconnu mondialement. Ses enregistrements sont salués pour leur élégance, leur clarté et leur musicalité. Il combine la tradition française avec une approche moderne et équilibrée.
Jean-Yves Thibaudet : Cet interprète français a enregistré l’intégrale des œuvres pour piano de Ravel. Son approche est à la fois technique et poétique, avec un grand sens de la couleur et une sonorité riche.
Interprétations modernes et contemporaines
Martha Argerich : Bien que son enregistrement soit déjà un classique, l’interprétation d’Argerich est toujours perçue comme une référence moderne pour sa virtuosité incisive et son énergie flamboyante, en particulier dans le mouvement final.
Pierre-Laurent Aimard : Connu pour ses interprétations de la musique contemporaine, Aimard apporte une grande précision rythmique et une analyse structurelle à son jeu, ce qui donne une interprétation d’une clarté presque architecturale.
Angela Hewitt : Sa discographie Ravel est très appréciée. L’interprétation de la Sonatine par Angela Hewitt se distingue par une rigueur technique et une sensibilité qui révèlent des détails texturaux et des nuances rarement entendues.
Seong-Jin Cho : Plus récemment, le jeune pianiste coréen a enregistré une intégrale de Ravel, dont la Sonatine. Son interprétation est saluée pour sa virtuosité, sa clarté et sa maturité, prouvant la pertinence de l’œuvre pour les nouvelles générations d’interprètes.
En fin de compte, le choix d’un enregistrement dépendra du goût de l’auditeur : l’élégance de Casadesus, l’autorité de Perlemuter, l’énergie d’Argerich ou la clarté d’Angela Hewitt. Chacun de ces enregistrements offre une perspective différente sur ce chef-d’œuvre de la musique pour piano.
Episodes et anecdotes
La Sonatine, M. 40 de Ravel est entourée de quelques anecdotes et épisodes qui en éclairent la genèse et la place dans la vie du compositeur.
Le concours manqué
L’anecdote la plus célèbre et la plus fondatrice de l’histoire de la Sonatine est celle du concours de la Weekly Critical Review. En 1903, cette revue musicale a lancé un défi aux compositeurs : écrire le premier mouvement d’une sonate pour piano en fa dièse mineur, avec une limite de 75 mesures. Ravel s’est mis au travail, mais il a créé un mouvement de 84 mesures, le disqualifiant d’office. Peu après, la revue fit faillite et le concours fut annulé. Heureusement, Ravel ne se laissa pas décourager et décida de compléter l’œuvre en ajoutant deux autres mouvements, transformant un échec de concours en un chef-d’œuvre. Sans cette péripétie, la Sonatine telle que nous la connaissons n’aurait peut-être jamais existé.
Un prix pour une “mauvaise pièce”
En 1905, Ravel inscrivit sa Sonatine au prestigieux Prix de la ville de Paris, un concours organisé pour promouvoir la musique de chambre. Ironie du sort, l’œuvre fut rejetée par le jury. Un des juges, le célèbre compositeur Vincent d’Indy, aurait déclaré que la pièce était “mal écrite”. Cette décision souleva un tollé dans les cercles artistiques et musicaux parisiens, qui admiraient déjà le talent de Ravel. Cette anecdote illustre la difficulté que Ravel a eue à être accepté par l’establishment musical de son époque, souvent jugé trop novateur, même pour des œuvres qui, aujourd’hui, nous paraissent d’une clarté classique.
La dédicace aux amis du compositeur
La dédicace à Ida et Cipa Godebski n’est pas anodine. Ce couple, qui tenait un salon artistique et littéraire réputé à Paris, était au cœur du cercle d’amis de Ravel, surnommé “Les Apaches”. Ce groupe d’artistes et d’écrivains, qui se réunissaient pour discuter d’art et de littérature, était une source d’inspiration et de soutien cruciale pour Ravel. Dédier sa Sonatine à ce couple était un témoignage de l’amitié profonde qui les liait. Le lien entre Ravel et les Godebski se poursuivra, puisque le compositeur dédiera plus tard sa suite pour piano à quatre mains, Ma mère l’Oye, aux enfants du couple.
Le lien avec Maurice Delage
L’épisode de la Sonatine est également lié à l’amitié entre Ravel et le compositeur Maurice Delage. En 1904, Delage avait lui aussi composé une Sonatine, en mi bémol majeur. Ravel, impressionné, lui aurait dit : “Alors moi aussi, j’en ferai une en fa dièse mineur”. C’est un bel exemple de la manière dont les compositeurs de cette époque s’inspiraient mutuellement, dans une atmosphère de saine émulation. La composition de la Sonatine de Ravel peut être vue comme une réponse amicale et un défi à son ami Delage.
Ces anecdotes montrent que la création de la Sonatine n’a pas été un processus simple, mais qu’elle a été marquée par des défis, des déceptions et des amitiés, ce qui a sans doute contribué à en faire l’une des œuvres les plus chères au cœur de Ravel et de ses admirateurs.
Compositions similaires
La Sonatine de Ravel est une œuvre de transition, à la fois néoclassique et impressionniste. Chercher des pièces similaires, c’est explorer des compositeurs qui ont partagé ces préoccupations stylistiques, soit en tant que contemporains de Ravel, soit en tant que prédécesseurs qui l’ont inspiré, soit en tant que successeurs qu’il a influencés.
Voici quelques compositions, suites ou collections similaires à la Sonatine de Ravel :
D’autres œuvres pour piano de Ravel
Pour comprendre l’esthétique de la Sonatine, le meilleur point de départ est l’œuvre pour piano de Ravel lui-même.
Le Tombeau de Couperin, M. 68 : C’est la suite la plus proche de la Sonatine dans son esprit. Composée pendant la Première Guerre mondiale, elle est une suite de danses et de formes du XVIIIe siècle, rendant hommage aux amis de Ravel tombés au combat. Elle est un parfait exemple du néoclassicisme de Ravel, alliant une structure ancienne à un langage harmonique moderne.
Miroirs, M. 43 : Bien que plus impressionniste et virtuose que la Sonatine, cette suite partage une grande attention aux couleurs et aux textures du piano. Des pièces comme “La vallée des cloches” ou “Une barque sur l’océan” évoquent des atmosphères similaires à celles de la Sonatine.
Valses nobles et sentimentales, M. 61 : Cette suite de valses est une autre exploration de la forme classique à travers le prisme de Ravel. La fluidité et l’élégance du langage harmonique y sont très similaires à celles de la Sonatine.
Claude Debussy (1862-1918)
Principal compositeur de l’impressionnisme musical, Debussy a beaucoup influencé Ravel.
Suite bergamasque : La pièce “Clair de lune” est emblématique de l’impressionnisme, avec son harmonie et ses textures délicates. Le “Menuet” de cette suite est également un excellent exemple de la réinterprétation des formes classiques par Debussy.
Pour le piano : Cette suite est un exemple de l’approche de Debussy, alliant une écriture virtuose (“Toccata”) à une grande recherche de timbre.
Emmanuel Chabrier (1841-1894)
Compositeur dont Ravel admirait la finesse et l’audace harmonique.
Pièces pittoresques : Cette suite pour piano a un caractère coloré et un humour subtil qui ont beaucoup inspiré Ravel, notamment dans sa manière d’utiliser l’harmonie.
Gabriel Fauré (1845-1924)
Maître de Ravel, Fauré a influencé son goût pour la clarté, l’élégance et le raffinement.
Thème et variations en ut dièse mineur, op. 73 : Une pièce qui explore la forme classique avec un langage harmonique riche et une grande expressivité, dans l’esprit de la musique française de l’époque.
Autres compositeurs
Albert Roussel (1869-1937) : Ses œuvres pour piano, comme les Suite en fa, montrent une clarté de la forme et une énergie rythmique qui se rapprochent du style néoclassique de Ravel.
Manuel de Falla (1876-1946) : L’écriture pianistique de De Falla, notamment dans les Pièces espagnoles, allie une grande virtuosité à une clarté et une précision qui ne sont pas sans rappeler Ravel, avec en plus une coloration espagnole.
(Cet article est généré par Gemini. Et ce n’est qu’un document de référence pour découvrir des musiques que vous ne connaissez pas encore.)
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