Charles Koechlin: 5 Piano Sonatinas, Op.59, Apfel Café Music ACM097

Information – Français

Les 5 Sonatinas pour piano de Charles Koechlin, composées entre 1916 et 1918, forment un cycle singulier au sein de son œuvre pianistique, où rigueur formelle classique et liberté harmonique se côtoient avec grâce. Ces pièces ne sont pas des sonatines “faciles” au sens pédagogique du terme : bien qu’écrites dans un style plus contenu que ses œuvres orchestrales, elles exigent une écoute subtile et une sensibilité affûtée.

Dès la première sonatine, Koechlin pose les bases d’un langage où la forme héritée du XVIIIe siècle est traitée avec un certain détachement : les thèmes sont clairs, souvent diatoniques, mais l’harmonie évolue avec souplesse, modulant sans cesse, parfois vers des teintes modales, parfois vers des chromatismes raffinés. L’écriture pianistique, bien que limpide, regorge de détails subtils — polyphonie discrète, lignes secondaires qui s’enchevêtrent, dialogues entre les registres.

Dans la deuxième sonatine, on perçoit un ton plus méditatif. Les mouvements lents évoquent une poésie presque pastorale, tandis que les mouvements rapides gardent une légèreté toute française, à la manière de Fauré, mais avec ce parfum d’irréalité qui est la marque de Koechlin. Il ne cherche pas la virtuosité : le piano devient un instrument de couleurs, de nuances, un médium pour les demi-teintes.

La troisième semble plus construite, presque plus « classique », mais sans rigidité : on y ressent un équilibre formel plus affirmé, avec des contrastes plus marqués entre les sections. Koechlin y déploie une rythmique plus animée, parfois syncopée, mais toujours mesurée — jamais brutale.

La quatrième sonatine est la plus poétique et onirique du lot. Elle évoque une promenade intérieure, un monde aux contours flous, baigné de lumière diffuse. La texture y est souvent dépouillée, mais jamais aride : quelques notes suffisent à créer une atmosphère. Les silences y jouent un rôle aussi important que les sons, prolongeant une impression de calme presque suspendu.

Enfin, la cinquième referme le cycle sur une note de sérénité teintée de mélancolie. Il s’y manifeste une sorte de sagesse musicale, une acceptation tranquille du passage du temps. L’écriture, plus dépouillée encore, rappelle parfois Satie dans son dépouillement, mais sans ironie ni dérision : il y a chez Koechlin une sincérité constante, une foi dans la beauté simple des sons.

Ces sonatines ne cherchent pas à éblouir, elles invitent à l’écoute attentive, à la contemplation. Elles sont l’œuvre d’un compositeur secret, intime, qui parle doucement, mais profondément.

Overview – English

The 5 Sonatinas for piano by Charles Koechlin, composed between 1916 and 1918, form a unique cycle within his piano oeuvre, where classical formal rigor and harmonic freedom coexist gracefully. These pieces are not “easy” sonatinas in the pedagogical sense: though written in a more restrained style than his orchestral works, they demand subtle listening and a refined sensitivity.

From the very first sonatina, Koechlin establishes the foundations of a language in which the form inherited from the 18th century is treated with a certain detachment: the themes are clear, often diatonic, but the harmony evolves fluidly, constantly modulating — at times toward modal hues, at others toward refined chromaticism. The pianistic writing, though transparent, is full of subtle details — discreet polyphony, interwoven secondary lines, and dialogues between registers.

In the second sonatina, a more meditative tone emerges. The slow movements evoke an almost pastoral poetry, while the faster movements retain a distinctly French lightness, reminiscent of Fauré, but with that sense of unreality that is Koechlin’s hallmark. He does not seek virtuosity: the piano becomes an instrument of colors, of nuances, a medium for half-tones.

The third sonatina feels more structured, almost more “classical,” but without rigidity: there is a more assertive formal balance, with more clearly defined contrasts between sections. Koechlin deploys a livelier rhythm here, sometimes syncopated, but always measured — never harsh.

The fourth sonatina is the most poetic and dreamlike of the group. It evokes an inward journey, a world of blurred outlines bathed in diffuse light. The texture is often sparse, but never dry: a few notes suffice to create an atmosphere. Silence plays as important a role as sound, extending a sense of almost suspended calm.

Finally, the fifth sonatina closes the cycle on a note of serenity tinged with melancholy. It expresses a kind of musical wisdom, a quiet acceptance of the passage of time. The writing, even more stripped-down, occasionally recalls Satie in its sparseness — but without irony or derision: in Koechlin, there is a constant sincerity, a belief in the simple beauty of sound.

These sonatinas do not aim to dazzle; they invite attentive listening and contemplation. They are the work of a secretive, intimate composer who speaks softly, but profoundly.

Überblick – Deutsch

Die fünf Sonatinen für Klavier von Charles Koechlin, komponiert zwischen 1916 und 1918, bilden einen einzigartigen Zyklus innerhalb seines pianistischen Œuvres, in dem klassische formale Strenge und harmonische Freiheit mit Anmut nebeneinander bestehen. Diese Stücke sind keine „einfachen“ Sonatinen im pädagogischen Sinne: Obwohl sie in einem zurückhaltenderen Stil als seine Orchesterwerke geschrieben sind, erfordern sie ein feines Gehör und eine geschärfte Sensibilität.

Schon in der ersten Sonatine legt Koechlin den Grundstein für eine Sprache, in der die vom 18. Jahrhundert übernommene Form mit einer gewissen Distanz behandelt wird: Die Themen sind klar, oft diatonisch, doch die Harmonik entwickelt sich geschmeidig, moduliert ständig – mal in modale Färbungen, mal in raffinierte Chromatik. Der Klaviersatz ist zwar durchsichtig, aber voller subtiler Details – diskrete Polyphonie, ineinander verschlungene Nebenstimmen, Dialoge zwischen den Registern.

In der zweiten Sonatine vernimmt man einen eher meditativen Ton. Die langsamen Sätze erinnern an eine beinahe pastorale Poesie, während die schnellen Sätze eine typisch französische Leichtigkeit bewahren, ähnlich wie bei Fauré, aber mit jenem Hauch von Irrealität, der Koechlins Handschrift ausmacht. Er strebt keine Virtuosität an: Das Klavier wird zu einem Instrument der Farben, der Nuancen, ein Medium für Halbtöne.

Die dritte wirkt strukturierter, fast „klassischer“, jedoch ohne Strenge: Man spürt ein klareres formales Gleichgewicht, mit deutlich ausgeprägteren Kontrasten zwischen den Abschnitten. Koechlin entfaltet hier eine lebendigere Rhythmik, manchmal synkopiert, aber stets maßvoll – niemals heftig.

Die vierte Sonatine ist die poetischste und traumhafteste des Zyklus. Sie erinnert an einen inneren Spaziergang, eine Welt mit verschwommenen Konturen, durchflutet von diffusem Licht. Die Textur ist oft sparsam, aber nie trocken: Einige wenige Töne genügen, um eine Atmosphäre zu schaffen. Die Pausen sind ebenso bedeutungsvoll wie die Klänge und verlängern den Eindruck fast schwebender Ruhe.

Schließlich schließt die fünfte Sonatine den Zyklus mit einer Note von Gelassenheit, die von Melancholie durchzogen ist. Eine Art musikalischer Weisheit wird darin spürbar, eine stille Akzeptanz des Zeitvergehens. Der Satz ist noch reduzierter und erinnert gelegentlich in seiner Schlichtheit an Satie – jedoch ohne Ironie oder Spott: Bei Koechlin herrscht eine stete Aufrichtigkeit, ein Glaube an die schlichte Schönheit des Klangs.

Diese Sonatinen wollen nicht blenden; sie laden zum aufmerksamen Hören und zur Kontemplation ein. Es sind Werke eines zurückgezogenen, intimen Komponisten, der leise, aber tief spricht.

Liste des titres / Tracklist / Titelliste:

1 1ère Sonatine: I. Allegro non troppo
2 1ère Sonatine: II. Andante con moto
3 1ère Sonatine: III. Allegro moderato
4 1ère Sonatine: IV. Final, Allegro con moto, scherzando
5 2de Sonatine: I. Molto moderato
6 2de Sonatine: II. Sicilienne
7 2de Sonatine: III. Andante, Très calme
8 3me Sonatine: I. Allegro moderato
9 3me Sonatine: II. Assez animé
10 3me Sonatine: III. Allegretto assez tranquille
11 3me Sonatine: IV. Final, Allegro con moto
12 4me Sonatine: I. Menuet, Moderato
13 4me Sonatine: II. Andante con moto
14 4me Sonatine: III. Intermezzo, Très modéré
15 4me Sonatine: IV. Final en forme de Rondo
16 5me Sonatine: I. Allegro moderato pas tros vite
17 5me Sonatine: II. Andante
18 5me Sonatine: III. Petite fugue, Moderato sans trainer
19 5me Sonatine: IV. Final, Allegro con moto


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from Apfel Café Music, ACM097

released 19 June, 2025

Cover Art: « Printemps en Normandie » de Eugène Chigot

© 2025 Apfel Café Music
℗ 2025 Apfel Café Music

Charles Koechlin: Paysages et marines, Op. 63, Apfel Café Music ACM095

Apple Music
Information – Français

Compositeur : Charles Koechlin (1867-1950)
Instrumentation : L’œuvre est écrite pour piano seul.
Année de composition : Elle a été composée entre 1915 et 1916, une période où Koechlin, élève de Fauré et Massenet, avait déjà développé sa propre voix distinctive.

Généralités et Style :

Musique descriptive et évocatrice : Comme son titre l’indique (“Paysages et marines” signifiant “Landscapes and Seascapes”), cette collection de pièces est profondément descriptive. Chaque pièce est une petite vignette sonore qui vise à peindre une image, une atmosphère, une sensation liée à la nature – que ce soit des paysages terrestres, des scènes maritimes, ou des impressions fugitives.

mpressionnisme et Symbolisme : Koechlin est souvent rattaché à l’esthétique impressionniste (comme Debussy ou Ravel, bien qu’il ait son propre langage). Sa musique dans l’Op. 63 utilise des harmonies riches et souvent dissonantes, des textures délicates et fluides, et une utilisation raffinée de la pédale, créant des atmosphères éthérées et brumeuses. Il y a aussi une touche de symbolisme, où la musique suggère plus qu’elle ne décrit explicitement.

Miniatures poétiques : La collection est composée de douze pièces courtes. Chacune est une miniature qui capture un instant, une lumière, un mouvement. Il n’y a pas de développement thématique complexe, mais plutôt une exploration de couleurs et de sensations.

Technique pianistique : Bien que les pièces soient souvent calmes et contemplatives, elles demandent une grande sensibilité du pianiste pour les nuances dynamiques, le toucher, et le contrôle du son. La virtuosité y est au service de l’expression et de l’atmosphère, plutôt que d’une démonstration technique ostentatoire.

Inspirations : Koechlin était un amoureux de la nature, de la solitude, et de la contemplation. Ces pièces reflètent souvent ses promenades et ses observations, qu’il transforme en musique avec une grande subtilité.

En résumé, “Paysages et marines, Op. 63” de Koechlin est une œuvre charmante et contemplative pour piano, offrant une série de tableaux sonores impressionnistes qui invitent l’auditeur à un voyage poétique à travers les paysages et les scènes maritimes, révélant la finesse et l’originalité du langage musical de Koechlin.

Overview – English

Composer: Charles Koechlin (1867-1950)
Instrumentation: The work is written for solo piano.
Year of composition: It was composed between 1915 and 1916, a period when Koechlin, a student of Fauré and Massenet, had already developed his own distinctive voice.

General information and style:

Descriptive and evocative music: As its title suggests (‘Paysages et marines’ meaning ‘Landscapes and Seascapes’), this collection of pieces is deeply descriptive. Each piece is a small sound vignette that aims to paint a picture, an atmosphere, a sensation related to nature – whether land-based landscapes, seascapes, or fleeting impressions.

Impressionism and Symbolism: Koechlin is often associated with the Impressionist aesthetic (like Debussy or Ravel, although he has his own language). His music in Op. 63 uses rich and often dissonant harmonies, delicate and flowing textures, and a refined use of the pedal, creating ethereal and misty atmospheres. There is also a touch of symbolism, where the music suggests more than it explicitly describes.

Poetic miniatures: The collection consists of twelve short pieces. Each is a miniature that captures a moment, a light, a movement. There is no complex thematic development, but rather an exploration of colours and sensations.

Pianistic technique: Although the pieces are often calm and contemplative, they require great sensitivity from the pianist in terms of dynamic nuances, touch, and sound control. Virtuosity is used to serve expression and atmosphere, rather than as a show of technical prowess.

Inspirations: Koechlin was a lover of nature, solitude, and contemplation. These pieces often reflect his walks and observations, which he transforms into music with great subtlety.

In summary, Koechlin’s ‘Paysages et marines, Op. 63’ is a charming and contemplative work for piano, offering a series of impressionistic soundscapes that invite the listener on a poetic journey through landscapes and seascapes, revealing the finesse and originality of Koechlin’s musical language.

Überblick – Deutsch

Komponist: Charles Koechlin (1867-1950)
Besetzung: Das Werk ist für Klavier solo geschrieben.
Entstehungsjahr: Es entstand zwischen 1915 und 1916, einer Zeit, in der Koechlin, Schüler von Fauré und Massenet, bereits seinen eigenen unverwechselbaren Stil entwickelt hatte.

Allgemeines und Stil:

Beschreibende und evokative Musik: Wie der Titel schon sagt („Paysages et marines“ bedeutet „Landschaften und Meereslandschaften“), ist diese Sammlung von Stücken zutiefst beschreibend. Jedes Stück ist eine kleine Klangvignette, die ein Bild, eine Atmosphäre, ein Gefühl in Verbindung mit der Natur zu vermitteln sucht – seien es Landschaften, Meereslandschaften oder flüchtige Eindrücke.

Impressionismus und Symbolismus: Koechlin wird oft mit der impressionistischen Ästhetik in Verbindung gebracht (wie Debussy oder Ravel, obwohl er seine eigene Sprache hat). Seine Musik in Op. 63 verwendet reichhaltige und oft dissonante Harmonien, zarte und fließende Texturen und einen raffinierten Einsatz des Pedals, wodurch ätherische und neblige Atmosphären entstehen. Es gibt auch einen Hauch von Symbolismus, wobei die Musik mehr andeutet, als sie explizit beschreibt.

Poetische Miniaturen: Die Sammlung besteht aus zwölf kurzen Stücken. Jedes ist eine Miniatur, die einen Moment, ein Licht, eine Bewegung einfängt. Es gibt keine komplexe thematische Entwicklung, sondern eher eine Erkundung von Farben und Empfindungen.

Klaviertechnik: Obwohl die Stücke oft ruhig und kontemplativ sind, erfordern sie vom Pianisten ein hohes Maß an Sensibilität für dynamische Nuancen, Anschlag und Klangbeherrschung. Virtuosität steht hier im Dienst des Ausdrucks und der Atmosphäre und nicht als ostentative technische Demonstration.

Inspirationen: Koechlin war ein Liebhaber der Natur, der Einsamkeit und der Kontemplation. Diese Stücke spiegeln oft seine Spaziergänge und Beobachtungen wider, die er mit großer Subtilität in Musik umsetzt.

Zusammenfassend ist „Paysages et marines, Op. 63“ von Koechlin ein charmantes und kontemplatives Werk für Klavier, das eine Reihe impressionistischer Klangbilder bietet, die den Zuhörer auf eine poetische Reise durch Landschaften und Meereslandschaften einladen und die Feinheit und Originalität von Koechlins musikalischer Sprache offenbaren.

Liste des titres / Tracklist / Titelliste:

I. Sur la falaise
II. Matin calme
III. Promenade vers la mer
IV. Le Chant du chavrier
V. Soir d’été
VI. Ceux qui s’en vont pêcher au large, dans la nuit
VII. Soir d’angoisses
VIII. La chanson des pommiers en fleurs
XI. Paysage d’octobre
X. Chant de pêcheurs
XI. Dans les grands champs
XII. Poème virgilian


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from Apfel Café Music, ACM095

released 30 May, 2025

Cover Art: « La baie de Canche, huile sur panneau » (1895) de Eugène Chigot

© 2025 Apfel Café Music
℗ 2025 Apfel Café Music

Mel Bonis: Morceaux de piano – Tome 4, Apfel Café Music ACM094

(Apple Music)
Chlonologie de Mel Bonis

Mélanie Bonis, connue sous le nom de plume Mel Bonis, naît à Paris en 1858, dans une famille bourgeoise catholique. Dès l’enfance, elle manifeste une vive sensibilité musicale, mais ses parents, peu enclins à encourager une vocation artistique chez une jeune fille, tardent à la soutenir. Pourtant, sa passion est tenace, et c’est à l’adolescence, un peu sur le tard pour l’époque, qu’elle entre finalement au Conservatoire de Paris. Là, elle étudie sous la direction de maîtres prestigieux : César Franck, Ernest Guiraud, Auguste Bazille. Elle y côtoie aussi des élèves comme Claude Debussy ou Gabriel Pierné.

Mais un événement bouleverse cette prometteuse ascension : elle tombe amoureuse d’un camarade de classe, Amédée Landély Hettich, poète et chanteur amateur. Leurs sentiments sont sincères, mais leur idylle est jugée scandaleuse par sa famille. Sous la pression, Mélanie quitte brusquement le Conservatoire, rompant ainsi avec ses études et son amour.

On la marie peu après, en 1883, à Albert Domange, un industriel beaucoup plus âgé, père de plusieurs enfants issus d’un précédent mariage. La vie conjugale et maternelle occupe désormais tout son temps. Pendant plusieurs années, elle cesse pratiquement de composer.

Pourtant, la musique continue à vivre en elle. Dans les années 1890, alors que ses enfants grandissent, elle reprend la plume. Avec une détermination farouche et une inspiration renouvelée, elle compose des œuvres dans des genres très variés : musique de chambre, piano, pièces vocales, orgue, œuvres orchestrales. Elle choisit alors d’écrire sous le nom de « Mel Bonis » – un pseudonyme androgyne destiné à dissimuler son identité féminine, à une époque où les femmes compositrices étaient peu prises au sérieux.

Peu à peu, elle gagne reconnaissance et estime dans les cercles musicaux. Elle fréquente Saint-Saëns, Widor, Duparc, participe à la Société des compositeurs de musique, et voit plusieurs de ses œuvres publiées et jouées. C’est à cette époque qu’elle compose certains de ses chefs-d’œuvre, comme les Femmes de légende, les Pièces pour flûte et piano, ou la Sonate pour violon et piano.

Mais une autre épreuve la marque profondément. Dans les années 1900, elle reprend contact avec son ancien amour, Hettich. Une liaison renaît. De cet amour interdit naît une fille, Madeleine, que Mel confiera à une nourrice puis élèvera secrètement, sans jamais révéler sa filiation officielle. Ce secret, douloureux et lourd à porter, imprègne ses œuvres d’une sensibilité souvent poignante.

Pendant la Première Guerre mondiale, Mel Bonis, comme beaucoup, traverse des années difficiles. Elle compose toujours, mais l’ombre de la guerre, le poids de l’âge, les tensions familiales pèsent sur elle. Malgré tout, elle continue à écrire jusqu’aux années 1930, avec une production abondante, souvent marquée par une intériorité profonde, mêlée de spiritualité.

Elle meurt en 1937, dans un relatif oubli, malgré une œuvre d’une richesse remarquable, qui s’inscrit dans la continuité du romantisme français tout en portant une voix singulière, sensible et puissamment expressive.

Aujourd’hui, Mel Bonis connaît un regain d’intérêt : ses partitions sont redécouvertes, enregistrées, jouées sur scène. Et peu à peu, son nom retrouve la place qu’il mérite dans l’histoire de la musique française.

Chlonology of Mel Bonis

Mélanie Bonis, known by her pen name Mel Bonis, was born in Paris in 1858 into a bourgeois Catholic family. From childhood, she showed a keen musical sensitivity, but her parents, reluctant to encourage an artistic vocation in a young girl, were slow to support her. Yet her passion was tenacious, and it was in her teens, somewhat late for the time, that she finally entered the Paris Conservatoire. There, she studied under prestigious masters such as César Franck, Ernest Guiraud and Auguste Bazille. She also rubbed shoulders with students such as Claude Debussy and Gabriel Pierné.

But one event disrupted her promising career: she fell in love with a classmate, Amédée Landély Hettich, a poet and amateur singer. Their feelings were sincere, but their romance was deemed scandalous by her family. Under pressure, Mélanie abruptly left the Conservatoire, breaking with her studies and her love.

She was married shortly afterwards, in 1883, to Albert Domange, a much older industrialist and father of several children from a previous marriage. From then on, married life and motherhood took up all her time. For several years, she practically stopped composing.

Yet music continued to live on within her. In the 1890s, as her children were growing up, she took up her pen again. With fierce determination and renewed inspiration, she composed works in a wide variety of genres: chamber music, piano, vocal pieces, organ and orchestral works. She chose to write under the name ‘Mel Bonis’ – an androgynous pseudonym intended to conceal her female identity at a time when women composers were hardly taken seriously.

Little by little, she gained recognition and esteem in musical circles. She rubbed shoulders with Saint-Saëns, Widor and Duparc, became a member of the Société des compositeurs de musique, and had several of her works published and performed. It was during this period that she composed some of her masterpieces, such as Femmes de légende, Pièces pour flûte et piano and Sonate pour violon et piano.

But another ordeal had a profound effect on her. In the 1900s, she reconnected with her old flame, Hettich. An affair was reborn. From this forbidden love came a daughter, Madeleine, whom Mel entrusted to a wet nurse and then brought up secretly, without ever revealing her official parentage. This secret, painful and heavy to bear, imbues her works with an often poignant sensitivity.

During the First World War, Mel Bonis, like many others, went through difficult years. She continued to compose, but the shadow of war, the weight of age and family tensions weighed heavily on her. In spite of everything, she continued to write until the 1930s, with an abundant output often marked by a deep interiority, mingled with spirituality.

She died in 1937, in relative obscurity, despite a remarkably rich body of work that followed in the footsteps of French Romanticism, while at the same time conveying a singular, sensitive and powerfully expressive voice.

Today, Mel Bonis is enjoying a resurgence of interest: her scores are being rediscovered, recorded and performed on stage. And little by little, her name is regaining its rightful place in the history of French music.

Chronologie von Mel Bonis

Mélanie Bonis, bekannt unter dem Pseudonym Mel Bonis, wurde 1858 in Paris in einer katholischen Bürgerfamilie geboren. Schon als Kind zeigte sie eine ausgeprägte musikalische Begabung, doch ihre Eltern, die wenig Neigung hatten, die künstlerische Begabung ihrer Tochter zu fördern, zögerten lange, sie zu unterstützen. Doch ihre Leidenschaft war stark, und als Teenager, für die damalige Zeit etwas spät, trat sie schließlich in das Pariser Konservatorium ein. Dort studierte sie unter renommierten Meistern wie César Franck, Ernest Guiraud und Auguste Bazille. Sie lernte dort auch Schüler wie Claude Debussy und Gabriel Pierné kennen.

Doch ein Ereignis bringt ihren vielversprechenden Aufstieg zum Erliegen: Sie verliebt sich in einen Klassenkameraden, Amédée Landély Hettich, einen Dichter und Amateursänger. Ihre Gefühle sind aufrichtig, doch ihre Liebesbeziehung wird von ihrer Familie als skandalös angesehen. Unter dem Druck ihrer Familie verlässt Mélanie abrupt das Konservatorium und bricht damit ihr Studium und ihre Liebe ab.

Kurz darauf, im Jahr 1883, heiratet sie Albert Domange, einen viel älteren Industriellen und Vater mehrerer Kinder aus einer früheren Ehe. Das Ehe- und Familienleben nimmt nun ihre ganze Zeit in Anspruch. Mehrere Jahre lang komponiert sie praktisch nicht mehr.

Doch die Musik lebt in ihr weiter. In den 1890er Jahren, als ihre Kinder älter werden, nimmt sie das Komponieren wieder auf. Mit eiserner Entschlossenheit und neuer Inspiration komponierte sie Werke in den unterschiedlichsten Genres: Kammermusik, Klavierstücke, Vokalwerke, Orgelstücke und Orchesterwerke. Sie entschied sich, unter dem Pseudonym „Mel Bonis“ zu schreiben – ein androgynes Pseudonym, das ihre weibliche Identität verbergen sollte, da Komponistinnen zu dieser Zeit kaum ernst genommen wurden.

Nach und nach erlangte sie Anerkennung und Wertschätzung in Musikkreisen. Sie verkehrte mit Saint-Saëns, Widor und Duparc, trat der Société des compositeurs de musique bei und sah mehrere ihrer Werke veröffentlicht und aufgeführt. In dieser Zeit komponierte sie einige ihrer Meisterwerke, darunter Femmes de légende, Pièces pour flûte et piano und die Sonate für Violine und Klavier.

Doch eine weitere Prüfung prägt sie zutiefst. In den 1900er Jahren nimmt sie wieder Kontakt zu ihrer ehemaligen Liebe Hettich auf. Eine Affäre entflammt erneut. Aus dieser verbotenen Liebe geht eine Tochter hervor, Madeleine, die Mel einer Amme anvertraut und heimlich großzieht, ohne jemals ihre leibliche Abstammung preiszugeben. Dieses schmerzhafte und schwere Geheimnis prägt ihre Werke mit einer oft ergreifenden Sensibilität.

Während des Ersten Weltkriegs durchlebt Mel Bonis, wie viele andere auch, schwierige Jahre. Sie komponiert weiterhin, doch der Schatten des Krieges, das Gewicht des Alters und familiäre Spannungen lasten schwer auf ihr. Trotz allem schreibt sie bis in die 1930er Jahre hinein und schafft ein umfangreiches Werk, das oft von einer tiefen Innerlichkeit geprägt ist, die mit Spiritualität vermischt ist.

Sie starb 1937 in relativer Vergessenheit, trotz eines bemerkenswert reichen Werkes, das in der Tradition der französischen Romantik steht und gleichzeitig eine einzigartige, sensible und ausdrucksstarke Stimme hat.

Heute erlebt Mel Bonis ein Comeback: Ihre Partituren werden wiederentdeckt, aufgenommen und auf der Bühne gespielt. Und nach und nach findet ihr Name wieder den Platz ein, den er in der Geschichte der französischen Musik verdient.

Liste des titres / Tracklist / Titelliste:

1 Barcarolle-étude, Op. 43
2 Prélude, Op. 51
3 L’escaporette (Valse), Op. 52
4 Romance sans paroles, Op. 56
5 Le Moustique, Op. 66
6 Barcarolle, Op. 71
7 Viviane, Op. 80


Enjoy the silence…

from Apfel Café Music, ACM094

released 23 May, 2025

Jean-Michel Serres (Piano, Engineering, Mixing, Mastering, Cover Design)

Cover art: « Sur la terrasse à Sèvres » (1880) de Marie Bracquemond

© 2025 Apfel Café Music
℗ 2025 Apfel Café Music